Libération des journalistes : Coûteuse bonne nouvelle

Chronique de Paysan savoyard

(n°67 – juillet 2011)

Les journalistes de France 3 ont été libérés par leurs ravisseurs en Afghanistan. Comme tout le monde, nous nous en sommes réjouis bien sûr.

Ceci posé, il faut relever que tout cela aura coûté fort cher. Il y a la rançon selon toute vraisemblance. Mais aussi le coût des efforts consacrés à cette libération pendant des mois par les services de l’Etat. Nous serions d’avis de présenter maintenant la facture à la chaîne de télé qui employait les journalistes. Il est vrai que, dans la mesure où il s’agit d’une chaîne publique, le coût de l’opération retomberait d’une manière ou d’une autre sur le contribuable. La méthode pourrait cependant faire réfléchir les autres médias…

Comme lors des précédentes affaires d’enlèvement de journalistes, la corporation s’est mobilisée massivement, ce qui a probablement contribué à faire monter les enchères et le montant de la rançon. Les médias se seraient-ils montrés aussi actifs et auraient-ils manifesté autant d’empathie si les Français enlevés avaient été respectivement plombier-zingueur et chef de rayon ? Il est permis d’en douter.

Nous pensons que les journalistes n’ont rien à faire dans des endroits comme l’Afghanistan. C’est trop dangereux et ça nous coûte trop cher. Et de toute façon, les informations que ces reporters sont susceptibles de rapporter sont de peu d’intérêt puisqu’ils ne peuvent pas exercer réellement leur métier, ni circuler où ils veulent, ni rencontrer qui ils désirent.

Il est un pays sur lequel les journalistes feraient mieux de concentrer leur attention. Un pays où les sujets d’investigation inexplorés sont légion. Un pays où, si l’on est amateur de sensations fortes, on peut choisir de prendre les plus grands risques, en enquêtant par exemple sur l’économie souterraine des banlieues ou les circuits du blanchiment. Un pays enfin où l’on manque cruellement de journalistes présentant les deux caractéristiques suivantes : bien connaître les sujets dont ils traitent ; ne pas être de connivence avec les pouvoirs. Ce pays, c’est la France.

Chronique parue sur Fdesouche le 07/07/2011