Les quatre conditions de la victoire de Zemmour

Chronique de Paysan Savoyard

(n° 253 – Septembre 2021)

Eric Zemmour peut battre Macron, et ce pour une raison très simple et très forte : ainsi que le montrent les sondages, la majorité des Français, et ce depuis au moins deux décennies, ont des idées nettement marquées à droite. Si l’on se fonde par exemple sur le sondage annuel intitulé “Fractures françaises”, les Français dans une proportion de 60 à 70 % pensent que “la France est en déclin”, qu’en France “c’était mieux avant”,  qu’on “ne se sent plus chez soi comme avant” et qu’on a “besoin d’un vrai chef pour remettre de l’ordre”. Dit autrement, le programme d’Eric Zemmour – mettre fin à l’invasion migratoire et rétablir la loi française sur tout le territoire – correspond très exactement aux analyses et aux aspirations de la grande majorité des Français.

Alors qu’il incarnait la politique inverse de ces sentiments majoritaires, libérale-libertaire, progressiste, mondialiste et immigrationniste, c’est pourtant Macron qui a été élu il y a quatre ans. En 2017 en effet, aucun des deux candidats de droite, Mme Le Pen et F. Fillon, n’avait été capable de réunir autour de lui les deux parties, bourgeoise et populaire, de l’électorat droitier. En tenant un discours fortement droitier, Sarkozy était, lui, parvenu en 2007 à attirer les électeurs du FN et à opérer la jonction des deux électorats : il a logiquement perdu cinq ans plus tard après avoir trahi chacune de ses promesses. 

Moins encore qu’en 2017, Marine le Pen ne peut aujourd’hui recueillir l’adhésion des électeurs LR car chacun a compris désormais qu’elle présente des carences majeures sur les différents plans de la compétence technique, de l’envergure intellectuelle et de l’équilibre comportemental. Symétriquement les candidats LR ne peuvent convaincre aucun électeur du RN, car tous ont bien conscience de ce que cette fausse droite hypocrite ne retrouve des accents droitiers qu’à l’approche des scrutins. Dans ces conditions le scénario de 2017 risque fort de se reproduire : un duel Macron-Le Pen au second tour, suivi d’une large victoire du président sortant. Tel est le plan d’E. Macron bien sûr. Or Eric Zemmour peut le bouleverser et battre Macron et il est le seul à pouvoir le faire : il peut en effet tout à la fois réunir de nombreux électeurs de droite, rallier une partie de ceux du RN et mobiliser une partie des abstentionnistes au profil “gilets jaunes”.

Pour devancer au premier tour Marine le Pen et le candidat de la fausse droite LR, Eric Zemmour devra, cela va sans dire, obtenir les parrainages nécessaires, réunir des financements suffisants, s’entourer d’une équipe efficace et mettre au point un programme. Sur ce dernier point E. Zemmour a d’ores-et-déjà laissé entendre qu’il n’aurait qu’une priorité : arrêter l’invasion migratoire, afin que les Français puissent redevenir maîtres chez eux et y conserver leur identité et leur civilisation. Il a raison : là est le sujet vital et toutes les forces doivent être concentrées sur cet objectif. En outre, en mettant fin à l’invasion migratoire, on améliorera par là-même la situation dans un grand nombre de domaines, qu’il s’agisse de la sécurité, de l’accès au logement, de la dégradation de nombreux services publics, de la détérioration des comptes publics et même de l’environnement, qui pâtit de la forte croissance de la population liée à l’immigration. Le programme d’Eric Zemmour traitera bien entendu des différents registres de la politique publique, l’économie, le social, l’Europe ou l’écologie : mais ce n’est pas sur ces sujets qu’il pourra l’emporter.

Pour gagner il lui faudra répondre aux interrogations et surmonter les préventions et les craintes sur quatre points décisifs : 

Beaucoup de gens vont penser, y compris au sein de son électorat potentiel, que “son programme est de toute façon inapplicable”. L’enjeu sera donc de montrer qu’il est techniquement et matériellement possible de mettre fin à l’invasion migratoire et d’opérer une remigration significative. 

Ses adversaires le répéteront également sans relâche : “Si le programme de Zemmour est appliqué, ce sera le chaos et le bain de sang”.  Il faudra démontrer qu’il est au contraire  tout à fait possible de mettre en œuvre un processus maîtrisé d’arrêt de l’invasion.

Le programme de Zemmour est fondé sur la haine et le mépris des droits de l’homme”. Ce sera le troisième argument majeur des adversaires de Zemmour et il risque de troubler une partie de ses électeurs potentiels. Il faudra faire comprendre qu’une politique d’arrêt de l’invasion ne sera contraire ni à la morale, ni aux droits humains dont se réclame la civilisation française et européenne. 

Quatrième obstacle à franchir : de nombreux Français conscients de la catastrophe qu’est l’immigration préfèrent pourtant continuer à apporter leur appui à la classe dirigeante et à son représentant du moment E. Macron, espérant ainsi le maintien d’un certain statu quo. Il faudra expliquer pourquoi la préférence pour le court terme et le statu quo ne peut constituer une option valable.

Nous reviendrons sur chacun de ces quatre enjeux au cours des semaines qui viennent.

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7 commentaires sur “Les quatre conditions de la victoire de Zemmour

  1. « Que le salut du peuple soit la suprême loi. » (Adage romain)
    Jean-Marie Le Pen se montrerait grand en soutenant Éric Zemmour contre sa fille Marine.
    Les Atrides aussi étaient une grande famille !

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  2. Pour gagner, il lui faut refuser de passer sous les fourches caudines de la gauche, et rejeter le politiquement correct.
    Ce qu’il a toujours fait jusqu’à présent, il faut lui reconnaître ce courage et cette audace.
    Mais c’est justement ce mépris idéologique de ses adversaires qui lui a coûté tous ses procès.
    Il y a fort à parier que, dès sa déclaration d’intention, les associations vont se déchaîner contre lui.
    Il est donc prévisible que, comme avec Fillon en 2017, ce sont les juges et les médias qui vont faire l’élection.

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  3. Sauf son physique à l’opposé, Zemmour est le Trump français.
    Comme lui, il a de solides ennemis, et malgré cela, comme lui, il peut gagner.
    Nous sommes d’accord.

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