« Non, nous n’avons pas le devoir d’accueillir une partie de la misère du monde »

Chronique de Paysan Savoyard

(n°102 – mai 2013)

 

Parmi les arguments utilisés par les immigrationnistes, on trouve celui-ci, qui le plus souvent fait mouche : « Notre pays a le devoir, avec d’autres, d’accueillir ceux qui fuient la misère et la famine ».

Il a notamment été popularisé par Michel Rocard, alors premier ministre, auteur de cet aphorisme devenu célèbre : « la France ne peut accueillir toute la misère du monde, mais elle doit en prendre sa juste part »

Or cet argument immigrationniste est sans valeur. L’obligation morale dont il s’agit n’existe pas. Pour les différentes raisons suivantes, nous n’avons aucune obligation morale d’accueillir des immigrés, fussent-ils pauvres, fussent-ils malades, miséreux et pourchassés dans leur pays.

 

  • Notre pays a des devoirs envers sa population avant toute chose

Le premier aspect qu’il convient de mettre en avant est le plus déterminant : notre pays, comme tous les autres, a des devoirs envers sa population avant toute autre considération.

Les sociétés humaines sont bien administrées lorsque chacun se prend en charge et s’occupe d’abord de soi et des siens. Le devoir des parents est de s’occuper en première priorité de leurs enfants. Ils peuvent également aider les autres, bien entendu, mais pas avant d’avoir correctement assumé leurs devoirs envers leurs propres enfants : en assurant leur subsistance, en garantissant leur éducation et en les préparant à construire leur avenir.

Il en va de même pour les Etats. Le devoir des pouvoirs publics français et européens est d’abord de s’occuper de la situation de leur propre population. La situation des pauvres d’Afrique, d’Asie ou d’Amérique est l’affaire des gouvernements et des sociétés de ces régions et de nul autre.

Un autre point doit être souligné : les obligations morales qui pèsent sur un individu ne s’imposent pas à un Etat, l’Etat et l’individu n’évoluant pas dans le même registre. L’individu peut choisir d’être généreux et faire preuve de charité envers ses semblables, ainsi que le commande l’Evangile. Il n’en est pas de même pour l’Etat. Imaginer que l’Etat a lui aussi une obligation de « partage » et de « solidarité » à l’égard de populations étrangères, le condamner parce qu’il se montre « égoïste », revient à commettre un contresens sur ce qu’est sa nature et sa mission : l’Etat est une institution placée par nature au service exclusif des populations qui l’ont constitué. C’est seulement parce qu’il se consacre au bien-être de sa propre population qu’un Etat peut légitimement prélever des impôts et faire appliquer des lois.

 

  • La pauvreté résulte pour l’essentiel du dysfonctionnement des pays d’émigration

Si nous n’avons aucune obligation d’accueil c’est, deuxièmement, parce que la misère et la famine sont le plus souvent de la responsabilité même des pays dont les immigrés sont issus. Elles résultent des guerres. Elles résultent de la démographie trop importante. Elles résultent du fonctionnement des sociétés dont il s’agit sur une base ethnique (la vision ethnique de la société conduit aux guerres, à la corruption des élites au profit de leur clan, à la confiscation des ressources par les ethnies dominantes).

De même dans les zones désertiques et inhospitalières, les difficultés de vie des populations sont souvent liées à une pression démographique trop importante au regard de l’environnement et des ressources naturelles. De nombreux pays dits « pauvres » sont au demeurant situés dans des régions du globe qui n’ont rien d’hostile et qui sont au contraire tout à fait luxuriantes : elles n’en sont pas moins elles aussi la source d’une émigration importante (c’est le cas de certains pays d’Afrique centrale par exemple). L’immigration n’a donc rien à voir avec les conditions climatiques défavorables rencontrées dans telle ou telle région.

 

  • L’accueil des immigrés est un obstacle au développement des pays « pauvres »

Il nous semble, troisièmement, que l’accueil des miséreux du monde entier est en soi contre-productif du point de vue du développement des pays « pauvres ».

L’immigration conduit en effet les populations concernées à penser que la solution aux problèmes de leurs pays peut résider ailleurs que chez eux. Or la clé du développement se trouve dans les pays eux-mêmes et non dans le recours à une manne extérieure, qu’elle résulte de l’immigration, de l’aide internationale ou du tourisme international.

Nous traiterons de ce point plus en détail dans une future tribune (se reporter pour l’heure à cet article).

 

  • Notre « richesse » résulte de nos mérites et de notre travail

Il faut enfin affirmer que notre richesse est d’abord une conséquence de notre action et de celle des générations qui nous ont précédés. Nous sommes aujourd’hui placés dans une situation qui de certains points de vue est avantageuse (richesse matérielle,  santé…). Mais ces avantages et cette richesse ne sont pas tombés du ciel : ils résultent du travail, de la créativité, des vertus morales de toutes les générations qui ont construit le pays.

Il faut aussi rejeter ce qualificatif de pays « riche » que l’on nous attribue dans le but de nous placer en position de débiteur. Pour plusieurs raisons.

Les mises en cause qui nous sont adressées par des pays « pauvres » nous paraissent tout d’abord injustifiées dans la mesure où certains de ces pays disposent de grandes richesses naturelles, richesses dont un pays comme la France est précisément dépourvu.

Il faut noter deuxièmement que la richesse du pays est une notion à considérer avec prudence. Comme nous l’expliquions dans un article précédent, le niveau de vie par habitant stagne en France depuis dix ans et la position de notre pays en termes de richesse par habitant se dégrade par rapport aux autres pays riches.

En outre la richesse globale du pays ne signifie pas que l’ensemble de la population soit aisée. Il existe en France une population de souche qui éprouve des difficultés et qui peut même se trouver en situation de pauvreté. C’est de ces pauvres dont nous devons nous occuper.

Il faut enfin noter que les processus d’enrichissement de nos pays industrialisés ont engendré différents inconvénients et difficultés (la dégradation de l’environnement notamment), qu’il nous faut maintenant traiter, ce qui aura un coût.

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Notre pays n’a donc nullement l’obligation d’accueillir les immigrés et les pauvres des autres continents, au détriment de sa propre population. Cela ne veut pas dire que nous devons refuser toute aide : mais celle-ci doit être accordée si elle correspond à l’intérêt de notre population, dans le cadre d’un échange mutuellement avantageux.

Sachons argumenter face aux sophismes des tiers-mondistes et autres «  citoyens du monde », dont l’objectif premier est de nuire aux pays européens et à leurs populations de souche, en les désignant comme des coupables par nature et en les désarmant moralement.

 

Chronique parue sur Fdesouche le 19/05/13

Non l’immigration clandestine n’est pas inévitable

Chronique de Paysan Savoyard

(n°82 – janvier 2012)

 

Les partisans de l’immigration mettent fréquemment en avant cet argument : « Il est impossible d’arrêter l’immigration clandestine : quelle que soit la hauteur des barrières que nous dresserons, les immigrés viendront parce qu’ils fuient la misère et la guerre ». Et les immigrationnistes de filer la métaphore : « Inutile d’ériger des murs : une forteresse assiégée finit toujours par tomber ».

Cette vision qui conclut à notre impuissance face à un phénomène irrépressible nous paraît inexacte. Nous traitons dans le présent article de l’immigration clandestine. Nous aborderons la question de l’immigration légale dans un article suivant.

Signalons d’abord que cette allusion répétitive à « la forteresse assiégée immanquablement abattue » est historiquement fausse : de nombreux châteaux ont soutenu des sièges, parfois de plusieurs années, et n’ont pas été pris. Parmi les exemples célèbres citons l’échec du siège de Paris par les Normands, qui a duré deux ans à la fin du IXe siècle).

S’agissant de la misère et de la guerre qui forceraient les ressortissants des pays « pauvres » à émigrer, il y aurait beaucoup à dire mais nous réservons ces questions à de futures tribunes consacrées au développement.

Nous nous efforcerons pour l’heure de montrer la fausseté de l’affirmation selon laquelle l’immigration clandestine est inévitable : comme nous allons le voir il est au contraire tout à fait possible de l’endiguer.

 

  • La plupart des clandestins entrent légalement sur le territoire, c’est-à-dire avec l’accord des pouvoirs publics

L’immigration véritablement clandestine existe certes : ces immigrés sont cachés dans des camions ou des bateaux ou ont traversé en bateau le détroit de Gibraltar. Cette immigration-là est le plus souvent organisée par des réseaux de passeurs. En admettant qu’un gouvernement ait cette volonté, elle ne serait sans doute pas aisée à endiguer. Mais il faut voir que cette immigration véritablement clandestine ne représente qu’une faible partie de l’immigration clandestine totale. La plupart des immigrés clandestins entrent en effet sur le territoire de façon tout à fait légale – et donc avec l’accord des pouvoirs publics – et ce grâce à deux mécanismes principaux.

Tout d’abord de nombreux immigrés clandestins entrent avec un visa « de court séjour », c’est-à-dire pour un séjour d’au maximum 3 mois permettant à l’étranger d’effectuer une visite privée ou familiale en France. Une partie des bénéficiaires de ces visas, qui sont donc entrés légalement, deviennent ensuite clandestins parce qu’ils « oublient » de rentrer chez eux à l’expiration du visa.

Le second mécanisme d’arrivée des clandestins est lié aux demandes d’asile présentées par des immigrés qui se présentent aux frontières françaises : les demandeurs d’asile deviennent pour la plupart d’entre eux des clandestins, dans le cadre du processus suivant.

L’instruction d’une demande d’asile en effet prend plusieurs mois. La décision de l’OFPRA, l’organisme qui statue sur les demandes d’asile, est rendue en moyenne au bout de 5 mois. Les déboutés ont ensuite la possibilité de faire appel devant la Cour nationale du droit d’asile, qui met en moyenne 1 an pour statuer. Or la loi ne permet pas de retenir les demandeurs d’asile dans un centre fermé en attendant que leur demande soit instruite : la durée de leur éventuelle rétention dans la zone d’attente fermée qui existe dans les ports, aéroports et gares, est limitée à 24 jours au maximum. A l’issue de cette rétention les demandeurs sont libres de circuler sur le territoire en attendant qu’il soit statué sur leur demande, le récépissé de cette demande d’asile valant autorisation de séjour.

Mieux même, les pouvoirs publics remettent aux demandeurs d’asile une somme d’argent, pour leur permettre de vivre pendant l’instruction de leur demande. En 2010, 28 000 personnes ont bénéficié de cette « allocation temporaire d’attente », pour un coût total de 105 millions d’euros. Pendant la période d’instruction de leur demande, les demandeurs d’asile bénéficient également de places d’hébergement : 40 000 places sont ouvertes, dans des centres ou à l’hôtel pour un coût 312 millions en 2010.

Au terme de l’instruction de leurs dossiers, seul un demandeur sur cinq se voit accorder l’asile. En 2010, 52 000 demandes d’asile ont été présentées et 10 340 accordées (cf le  rapport d’activité OFPRA page 72). Les autres demandeurs sont déboutés parce qu’ils sont ressortissants de pays considérés comme sûrs.

Or, dans la pratique, les demandeurs d’asile déboutés choisissent pour la plupart de se maintenir clandestinement sur le territoire. Ils y sont d’autant plus incités qu’ils résident légalement depuis plusieurs mois et ont pour certains trouvé un travail, clandestin ou non.

On ne dispose pas de chiffres permettant de quantifier le phénomène : les départs volontaires des demandeurs d’asile déboutés ne sont pas comptabilisés ; quant aux reconduites, 28 000 en 2010, elles ne concernent pas seulement les demandeurs d’asile mais les clandestins de façon générale. Il est cependant hors de doute que la quasi-totalité des 40 000 demandeurs d’asile déboutés chaque année se maintiennent sur le territoire de façon clandestine.

 

  • Les clandestins viennent en France parce qu’ils savent qu’ils y trouveront un travail et des aides multiples

L’immigration clandestine n’a rien d’inéluctable pour la seconde raison suivante : si les immigrés clandestins viennent en France, c’est parce qu’ils savent qu’ils en tireront de façon certaine un avantage considérable.

Ils savent premièrement qu’ils vont pouvoir trouver un travail, clandestin ou non, et donc percevoir des revenus qui, en termes de pouvoir d’achat dans leur pays d’origine, seront incomparablement supérieurs aux revenus susceptibles d’être obtenus sur place.

Ils savent que ces revenus comparativement élevés vont donc leur permettre de faire vivre leur famille restée sur place, leur village, leur quartier.

Ils savent troisièmement pouvoir scolariser leurs enfants et être soignés, grâce à l’AME, l’aide médicale accordée par l’État aux immigrés clandestins.

Ils savent qu’ils vont pouvoir squatter des logements vides, sans que le plus souvent les pouvoirs publics ne réagissent. Dans le cas où ils seraient évacués du squat ou d’un immeuble insalubre, ils savent qu’ils ont de bonnes chances d’obtenir alors un logement social.

Ils savent que le risque d’être pénalement condamnés et ensuite expulsés est limité. Le nombre des reconduites à la frontière n’est que de 28 000 par an, comme nous le notions plus haut, alors que le nombre des nouveaux immigrés clandestins arrivant chaque année est probablement au moins cinq fois supérieur.

Ils n’ignorent pas qu’ils peuvent compter sur le soutien de réseaux militants favorables à l’immigration. Ces réseaux bénéficient eux-mêmes de relais importants dans le monde des médias, ce qui leur permet d’exercer une pression efficace sur les pouvoirs publics.

Ils savent enfin qu’ils peuvent espérer être régularisés le moment venu. La loi prévoit en effet une possibilité de régularisation au bout de 10 ans de séjour (article L 313-14 du code de l’entrée et du séjour des étrangers). D’autres clandestins sont régularisés en faisant valoir des « liens personnels et familiaux » (article L 313-11 du même code). Selon le Haut conseil à l’intégration, 15 000 personnes par an environ bénéficient d’une régularisation ; cf rapport 2011 du Haut conseil à l’intégration page 23).

 

  • Il existe des mesures efficaces pour arrêter l’immigration clandestine

L’immigration clandestine est donc pour l’essentiel une conséquence directe des décisions des pouvoirs publics, qui constituent de puissantes incitations : délivrance de visas, modalités de traitement des demandeurs d’asile, attributions d’aides multiples… Dès lors, si les pouvoirs publics cessaient d’autoriser, de tolérer et même d’encourager l’immigration clandestine, on peut considérer que celle-ci s’arrêterait d’elle-même.

Les principales mesures qui permettraient d’arrêter ou de fortement réduire l’immigration clandestine sont les suivantes :

  • Ne plus accorder de visas, quelle que soit leur durée, aux ressortissants des pays d’immigration.
  • Maintien des demandeurs d’asile dans une structure fermée pendant la durée d’instruction de leur demande.
  • Reconduite les demandeurs d’asile déboutés. Reconduite également de façon systématique de l’ensemble des clandestins. Dans le cas où des obstacles à la reconduite apparaissent (refus de l’immigré de déclarer sa nationalité, refus du pays d’origine d’admettre son ressortissant, suspension de la reconduite par décision de justice…), les clandestins devraient être maintenus dans une structure de détention en attendant que les obstacles à leur reconduite soient levés.
  • Suppression des mesures de régularisation des clandestins figurant dans la loi;
  • Suppression de l’AME ; suppression de la possibilité de scolariser les clandestins.
  • Très fort durcissement des peines pour les employeurs de travailleurs immigrés clandestins.

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Ces mesures, qui supposent des modifications de la loi, sont d’application aisée. Elles auraient très probablement une forte efficacité. C’est pourquoi les politiciens hypocrites luttent contre l’immigration clandestine en paroles mais s’opposent avec la dernière énergie à ce que de telles mesures soient prises et même envisagées.

 

 

Chronique parue sur Fdesouche le 23/01/12

« L’argent de l’immigration aide à développer les pays d’origine »

Chronique de Paysan Savoyard

(n°77 – novembre 2011)

 

Parmi les arguments mis en avant par les partisans de l’immigration, il y a celui-ci, auquel les bonnes âmes sont spécialement sensibles : « l’argent envoyé par les immigrés dans leurs pays d’origine sert leur développement, lequel est une condition de l’arrêt futur de l’immigration ». Cette idée sympathique en apparence nous paraît tout à fait fausse : l’argent des immigrés, et de façon plus générale l’immigration elle-même, sont au contraire préjudiciables au développement des pays « pauvres ».

Le montant des transferts d’argent dans les pays d’origine est désormais considérable, l’augmentation de ces transferts découlant logiquement du fait que les volumes d’immigration ne cessent de croître à l’échelle planétaire. Selon la Banque mondiale, les envois de fonds des migrants vers leur pays d’origine se sont élevés en 2010 à 325 milliards de dollars. Ces sommes constituent désormais le triple de l’aide publique au développement. Elles représentent  2 % du PIB pour l’ensemble des pays en développement, 6 % du PIB des « pays à faible revenu » et jusqu’à 20 % du PIB dans certains d’entre eux. Ces transferts sont pour les pays bénéficiaires la principale source de devises et la Banque mondiale considère qu’ils constituent « une ressource vitale pour les populations pauvres».

Les immigrationnistes et les organismes internationaux de développement affirment que ces sommes importantes sont consacrées au financement dans les pays d’origine d’investissements et d’activités favorables au développement : création d’entreprises locales, création d’infrastructures publiques ou communautaires, comme des écoles ou des centres de soins. Ce phénomène constitue à leurs yeux une justification importante de l’immigration. Or cette vision optimiste des choses ne correspond aucunement, selon-nous, à la réalité.

 

  • Les fonds transférés par les immigrés dans les pays d’origine ne sont pas consacrés au développement

Il faut indiquer tout d’abord que ces transferts de fonds, une fois convertis en monnaie locale, correspondent à un pouvoir d’achat très supérieur à ce qu’il est dans les pays d’immigration où les revenus ont été perçus : leur impact sur les sociétés locales est donc considérable.

Deuxième remarque, le transfert par les immigrés d’une partie de leurs revenus constituent pour chacun d’eux une obligation sociale : ils ne peuvent s’y soustraire, leur village, leur quartier, leur clan ayant « investis » sur eux, en les aidant par exemple à réunir les fonds nécessaires pour immigrer.

Troisième observation : ces transferts, en Afrique du moins, ne bénéficient qu’aux familles, aux quartiers ou aux villages qui ont développé une stratégie d’émigration, en envoyant une partie des jeunes en Europe à charge pour eux de transférer sur place une part de leurs gains. Les villages, quartiers ou régions qui n’ont pas de tradition d’émigration ou ne savent pas profiter des filières d’immigration ne bénéficient nullement de ces transferts.

Le point essentiel est le suivant. Si ces transferts n’ont rien de positif, c’est avant tout parce qu’ils ne sont pas investis, sauf exception, dans le développement local : ils sont très généralement consacrés au financement de la consommation courante (alimentation, télévisions, véhicules privés…). L’effet nocif saute aux yeux des observateurs extérieurs ayant l’occasion de se déplacer dans les villages et quartiers bénéficiaires de ces transferts : personne ne travaille. La population restée sur place, déresponsabilisée par l’ampleur des transferts, a pris le parti d’en vivre.

L’immigration et les transferts de revenus encouragent les populations à penser que la solution des problèmes de l’Afrique se trouve à l’extérieur. Ces transferts ont le même effet funeste que les autres apports de fonds venus de l’étranger, tels ceux de l’aide internationale.

Or les clés du développement se trouvent bien sûr dans les pays eux-mêmes et non dans le recours à des ressources dépendant intégralement de pays ou d’organismes extérieurs, qu’il s’agisse de l’immigration, de l’aide internationale, du tourisme international ou de l’exportation des produits de rente.

 

  • Les immigrés ne retournent pas dans leur pays et ne contribuent donc pas à leur développement

La conception immigrationniste selon laquelle l’immigration est un facteur de développement repose sur un deuxième postulat : les immigrés, après une période passée en France ou en Europe, ont vocation à revenir dans leur pays, pour le développer et y faire fructifier les compétences acquises.

Là encore cette idée sympathique ne correspond pas à la réalité. Les immigrés reviennent au pays pour les vacances mais ne s’y réinstallent que de façon exceptionnelle. La chose est au demeurant logique, les pays d’origine, en Afrique en particulier, n’étant pas engagés dans un processus de développement et les difficultés ayant plutôt tendance à s’aggraver.

On sait par exemple que la fuite des cerveaux aboutit notamment à ce que les médecins africains exerçant en Europe sont plus nombreux que leurs confrères restés sur place. Il y a ainsi par exemple deux fois plus de médecins malgaches exerçant en France qu’à Madagascar. Une fois installés dans les hôpitaux français ou dans les banlieues des grandes agglomérations, ces médecins étrangers y font évidemment toute leur carrière.

Témoigne de cette réalité le fait que les aides financières accordées par les pouvoirs publics pour encourager le retour des immigrés sont toujours restées un échec. Mises en œuvre dans les années 90, ces aides n’ont concerné, selon un rapport parlementaire, qu’environ 1 200 personnes par an.

A partir de 2005, le montant des aides a été fortement relevé pour les rendre plus incitatives. Ces aides au retour volontaire (ARV) comprennent la prise en charge des frais de voyage, une aide financière qui peut aller jusqu’à 2000 euros par adulte et 1000 euros par enfant mineur jusqu’au troisième enfant. Elles ont bénéficié à 2 900 personnes en 2009 et à 4 000 personnes en 2010.

Par ailleurs une aide à la création d’entreprise dans le pays d’origine peut être accordée, qui comprend notamment une aide financière pouvant aller jusqu’à 7 000 euros (voir le « guide du demandeur d’asile » (sic) édité par le ministère de l’intérieur. En 2010, 1 383 projets de création d’entreprise ont donné lieu à une aide.

Comme on le constate, les résultats de ces dispositifs d’encouragement au retour restent très faibles en valeur absolue et sont dérisoires au regard du nombre des immigrés présents en France.

Profitons-en pour signaler cet autre élément du dispositif d’aide au retour, qui confine lui au délire.

Il existe en effet également une aide au retour humanitaire (ARH), qui peut être attribuée aux étrangers présents en France en situation de dénuement ou de grande précarité ou qui n’entrent pas dans le champ d’application de l’aide au retour volontaire décrite plus haut. Ces étrangers peuvent recevoir une prestation de 300 euros par adulte et de 100 euros par enfant mineur (les montants de cette aide ayant été relevés en 2007). Cette fois-ci le nombre des bénéficiaires est nettement plus élevé puisqu’elles ont été environ 12 000 en 2009 et encore 10 000 en 2010 (voir p. 53 du rapport parlementaire cité plus avant). Or un parlementaire a relevé que les bénéficiaires de cette aide ont été en 2010 dans 94 % des cas des personnes possédant la nationalité de l’un des pays de l’Union européenne, qui peuvent donc ensuite revenir librement. Le parlementaire note sobrement dans son rapport que « étant donné leur statut et leur proximité géographique, cette aide ne favorise en rien le retour durable de ces populations dans leur pays d’origine ».

Signalons enfin l’existence d’une politique dite de co-développement. L’État français finance des projets de développement dans des pays avec lesquels il a passé des accords de « gestion concertée des flux migratoires ». (Voir cette publication du ministère de l’immigration). Censés inciter les populations à s’investir localement plutôt que d’immigrer, ces projets de développement peuvent sans doute être approuvés dans leur principe. Le problème est que leur impact peut difficilement être évalué autrement qu’à long terme. En attendant le contribuable français est appelé à financer (30 millions prévus en 2011 pour le programme budgétaire intitulé «développement solidaire et migration » ;  étant entendu que cette enveloppe ne constitue qu’un petit sous-ensemble de l’aide totale au développement (APD) consentie par la France, qui s’élève tout de même, nous sommes si riches, à 9 milliards d’euros par an.

 

  • Les clés du développement sont dans les pays pauvres eux-mêmes

Les clés principales du développement des pays d’Afrique sont les suivantes : la priorité donnée à l’agriculture et au maintien des populations en milieu rural ; la construction d’un État un tant soit peu efficace, pas trop corrompu et suffisamment indépendant des logiques tribales et racistes ; l’arrêt des guerres racistes, ethniques et tribales ; et surtout le contrôle de la démographie (nous reviendrons le moment venu de façon plus détaillée sur ces questions de développement).

La démographie est le facteur majeur. Rappelons que la population africaine est passée de 800 millions à plus d’1 milliard désormais, en seulement… 10 ans ; que le taux de croissance moyen de la population africaine, qui est de 2,2 %  par an, correspond à un doublement de la population tous les 31 ans ; que les 2 milliards devraient dans ces conditions être atteints dès 2040… Aucun processus de développement n’est concevable dans un tel contexte démographique, la croissance économique étant d’emblée annulée par l’augmentation de la population : c’est ainsi que dans de nombreux pays africains le revenu par habitant ne cesse de baisser malgré des taux de croissance de l’économie relativement élevés.Voir ces tableaux de l’INED.

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Concluons d’un mot, en revenant aux fonds transférés dans les pays d’origine. Cet argent ne sert pas, nous venons de le dire, le développement de ces pays : au contraire il y entretient la passivité et un comportement d’assistanat. A l’intention des immigrationnistes convaincus que l’immigration est une chance pour la France, faisons remarquer en outre que les fonds transférés par les immigrés ne viennent pas alimenter l’économie française.

 

Chronique parue sur Fdesouche le 06/11/11

« La France a toujours été un pays d’immigration »

Chronique de Paysan Savoyard

(n°48 – octobre 2010)

 

A en croire les immigrationnistes, « la France est un pays d’immigration » et « a toujours accueilli des immigrés ». Les mêmes ajoutent généralement que « la plupart des Français sont originaires de l’immigration » et que « la notion de Français de souche n’est donc qu’un mythe ». L’immigration serait donc un phénomène inévitable, éternel et finalement parfaitement naturel : quiconque prétendrait s’y opposer manifesterait par là-même son ignorance et son inconséquence.

Il se trouve qu’aucune des différentes affirmations immigrationnistes ne correspond à la réalité :

 

  • La population française est restée homogène pendant plus de mille ans

Le territoire de ce qui deviendra la France a été occupé, à partir du sixième siècle avant notre ère, par des populations venues de la région située au nord de la Mer Noire qui ont cherché, probablement en raison d’un refroidissement climatique, à gagner les régions plus clémentes d’Europe occidentale : ce sont les Celtes (ou Gaulois). Sur une période de deux siècles, entre -500 et -300, une cinquantaine de tribus Celtes vont s’installer en Gaule, ainsi qu’en Suisse, dans l’actuel Bénélux, en Grande-Bretagne et dans une partie de l’Espagne : la Gaule devient celtique. Quant aux peuples pré-celtiques, aux effectifs réduits, ils sont assimilés par les Gaulois ou repoussés dans les montagnes.

Après la conquête romaine (-50), les Gaulois se romanisent et la Gaule gallo-romaine devient une pièce maîtresse de l’Empire. Le peuplement dominant n’en reste pas moins celtique, les populations romaines installées définitivement en Gaule étant restées peu nombreuses.

Au début du cinquième siècle de notre ère, des populations germaniques envahissent la Gaule et pour certaines s’y installent (Goths et Burgondes) : ce sont les « Grandes invasions ». Quelques décennies plus tard, d’autres Germains, les Francs, pénètrent à leur tour en Gaule et y imposent leur domination. Ces différentes populations germaniques viennent de plusieurs régions d’Europe : Europe orientale (Goths) ; région du Rhin (Francs et Alamands). D’ultimes invasions se produiront aux neuvième et dixième siècles : celle des Vikings (ou Normands), populations germaniques d’Europe du Nord ; puis celle des Hongrois. A la fin du dixième siècle, les invasions sont terminées. A cette date, la situation de la population présente en France est la suivante : si leurs chefs constituent désormais l’aristocratie du pays, les Francs sont surtout installés dans la France du nord et de l’est ; les Vikings sont établis en Normandie ; l’essentiel de la population reste composée de Celtes.

Un point important doit être relevé. Toutes ces populations celtiques et germaniques ont une appartenance raciale et culturelle commune. Elles possèdent notamment les mêmes racines linguistiques et les mêmes fondements d’organisation sociale : ce sont des « indo-européens ».

Les indo-européens sont des populations qui, installées originellement au centre de l’Europe (Caucase), se sont déplacées, par vagues successives à partir de -2000 environ, pour occuper finalement un vaste territoire allant de l’ouest de l’Europe à l’Iran et aux marges de l’Inde (d’où le nom qui leur a été attribué). Ce sont des peuples guerriers et cavaliers, qui parviennent sans difficulté à soumettre les populations autochtones peu nombreuses qu’ils rencontrent, dans des espaces territoriaux quasi vides. C’est ainsi qu’au moment où les Celtes peuplent la Gaule, les populations indigènes qu’ils trouvent devant eux ne comptent que quelques centaines de milliers d’individus. Les principaux peuples indo-européens qui se sont installés dans les différentes régions de l’Europe sont les Grecs (Achéens et Doriens), les Latins, les Celtes et les Germains.

Les Grandes invasions terminées, la composition de la population va rester inchangée en France pendant mille ans. Il n’y aura plus d’autres invasions, l’invasion arabe ayant été stoppée en France en 732. Il en est de même dans tous les pays européens, hormis l’Espagne, conquise presque totalement par les Arabes. Pendant cette période de mille ans, il n’y a également aucun phénomène d’immigration significatif : c’est ainsi que le nombre des étrangers recensés n’est que de 100.000 au début du 19e siècle (1).

 

  • La France n’accueille une immigration significative que depuis le milieu du 19esiècle

Le phénomène d’immigration commence à partir des années 1850. La France s’engage alors dans la « révolution industrielle ». Le pays étant majoritairement paysan et rural, les ouvriers sont en nombre insuffisant pour couvrir les besoins de main-d’œuvre engendrés par l’essor industriel. Des immigrés venus de pays européens pauvres ou en forte croissance démographique vont venir occuper les emplois offerts par le pays puissant et en voie d’enrichissement rapide qu’est la France. Le nombre des étrangers passe à 380 000 en 1851 et dépasse le million en 1886. Il se stabilise à ce niveau jusqu’en 1914, et ce en dépit de la poursuite de l’immigration, une loi de 1889 ayant facilité les naturalisations (1). Ces immigrés sont le plus souvent Belges dans une première période, puis Italiens. En 1914 la France compte ainsi 1,1 million d’étrangers, dont 38 % d’Italiens, 26 % de Belges, 10 % d’Espagnols,  9 % d’Allemands et 7 % de Suisses (2).

Une seconde poussée d’immigration se produit après la première guerre mondiale, organisée par le gouvernement et destinée à compenser les pertes humaines. Entre 1921 et 1931, le flux d’immigration s’élève à 2 millions de personnes (3). On dénombre 2,7 millions d’étrangers en 1931, et ce malgré les nombreuses naturalisations favorisées par une loi de 1927 (1). Ces immigrés sont pour l’essentiel des Italiens, des Espagnols et des Polonais. La crise des années 30 puis la guerre vont interrompre l’immigration et provoquer des retours : le nombre des étrangers tombe à 2,2 millions en 1936 et à 1,7 millions en 1946 (1).

Relevons ce point : comme on le voit, l’immigration du dix-neuvième et de la première partie du vingtième siècle a été quasi exclusivement indo-européenne. Font exception les Juifs, chassés d’Europe de l’Est par l’antisémitisme et les pogroms, qui s’installent en France à la fin du dix-neuvième et au début du vingtième siècle.

La reconstruction d’après-guerre, accompagnée de l’adoption du système américain de « société de consommation », se traduit en France, comme dans les autres pays européens, par une forte croissance de la production. Pour combler les besoins de main d’œuvre et éviter d’avoir à financer des investissements de productivité, les industriels vont recourir à l’immigration, avec l’assentiment des pouvoirs publics.

C’est ainsi qu’est créé en 1946 l’Office national d’immigration, auquel est assigné l’objectif de réaliser l’immigration de 2 millions de personnes. La politique d’immigration ne se traduira dans les faits qu’à partir de 1956, mais l’objectif fixé n’en sera pas moins atteint : l’Institut national d’études démographiques (INED) évalue à environ 2 millions les entrées de travailleurs étrangers et de leurs familles entre 1946 et 1967 (hors rapatriés et travailleurs saisonniers) (3).

Dans les années cinquante l’immigration reste quasi exclusivement européenne, les Italiens constituant parmi les immigrés le groupe le plus important. C’est ainsi qu’au recensement de 1962, la population étrangère, qui s’élève à 1,8 millions de personnes, est composée d’Italiens (36 %), d’Espagnols (24 %), de Polonais (10 %), de Belges (4 %), de Portugais (3 %), d’Allemands (3%) et de Suisses (2%),  les autres nationalités étant très peu représentées (2).

 

  • L’immigration non européenne a commencé il y a seulement 50 ans

Dans les années soixante, l’immigration devient pour partie non européenne. Une fois la guerre d’Algérie terminée, les représentants des grandes firmes se rendent ainsi dans les pays du Maghreb pour proposer des contrats de travail assortis d’une autorisation de séjour. Cependant ce sont toujours des Européens, les Espagnols, qui constituent la majorité de l’immigration.

A partir du début des années soixante-dix, l’immigration va, pour la première fois, comporter une composante non européenne importante. Au recensement de 1975,  les nationalités les plus représentées dans la population étrangère sont ainsi les Portugais (22 %), les Algériens (21 %), les Espagnols (15 %), les Italiens (13 %) les Marocains (8 %) et les Tunisiens (4 %).

Au milieu des années soixante-dix, le gouvernement, confronté à la montée du chômage, interrompt l’immigration de travail : par une décision du 4 juillet 1974, il suspend l’entrée de travailleurs étrangers non ressortissants de la CEE. Mais dans le même temps, il prend la décision d’autoriser et d’organiser l’immigration familiale: à compter de 1975, le droit au regroupement familial est considéré comme ayant « valeur constitutionnelle ». Dès lors, à compter de ce moment, l’immigration va devenir essentiellement non-européenne.

Au 1er janvier 2006, les immigrés installés en métropole étaient, selon l’INSEE, 5,1 millions. Selon leur pays de naissance, les immigrés les plus nombreux sont à cette date les Algériens (14%), les Marocains (13 %), les Portugais (12%), les Italiens (6%), les Espagnols (6%), les Turcs (5%), les Tunisiens (5%),  les Anglais (3%), les Allemands (3%), les Belges (2%), les Polonais (2%), les Vietnamiens (2%), les Sénégalais (2%) et les Chinois (2%). Signalons ce point essentiel : l’INSEE ne considère comme « immigrées » que les personnes nées à l’étranger de nationalité étrangère, qu’elles aient ou non acquis ensuite la nationalité française. Les données INSEE concernant l’immigration ne comprennent donc pas les personnes issues de l’immigration nées en France (4).

L’on dispose depuis 1994 de données précises concernant les flux migratoires (jusqu’alors les données disponibles, issues du recensement, permettaient seulement de prendre la mesure des stocks) : l’Institut national d’études démographiques – INED – comptabilise désormais de façon exhaustive les entrées légales (en se fondant sur les titres de séjour délivrés), en distinguant les ressortissants européens et non européens. Ces données permettent d’établir le constat suivant : depuis 1994, l’immigration non européenne a représenté 74 % de l’immigration totale (5).

De façon plus précise, les flux entrants d’immigrés non européens en situation régulière ont été d’environ 70 000 par an en moyenne entre 1994 et 1997. Ils sont passés à 100 000 par an en moyenne entre 1998 et 2000, puis à 140 000 en 2001. Depuis 2002, ils ont encore augmenté, atteignant en moyenne 162 000 par an. Ils ont été de 144 000 en 2007, dernière année connue. Soulignons que ces chiffres ne rendent compte que d’une partie des flux qui viennent accroître la population d’origine immigrée : pour obtenir la variation totale de cette population, il faut en effet ajouter les naissances ; l’immigration clandestine ; et retrancher départs et décès ; voir cette chronique ) (5).

Il est à noter qu’au cours des années soixante la population autochtone a dû s’adapter à l’immigration non européenne massive mais également à deux autres événements démographiques :

L’installation en métropole des rapatriés d’Algérie tout d’abord : 1,5 millions de personnes au total en comptant les rapatriés du Maroc et de Tunisie (ces rapatriés appartiennent à des familles qui, avant leur installation au Maghreb, étaient originaires de métropole, d’Espagne, d’Italie ainsi qu’à des familles juives) (6).

D’autre part, au cours des années soixante, les pouvoirs publics ont décidé de favoriser l’installation en métropole de nombreuses personnes originaires des Dom-Tom. Cette politique, qui visait à diminuer les difficultés liées au chômage dans les Dom-Tom, a consisté notamment à faciliter l’accès des originaires à la fonction publique. En 1999, selon l’INSEE, la population native des Dom-Tom résidant en métropole s’élevait à 357 000 personnes (7). Ce chiffre ne comprend pas les personnes originaires des Dom-Tom nées en métropole : selon un auteur, le nombre total des originaires des Dom-Tom, naissances en métropole comprises, était en 1999 de 585 000 (8). D’autres observateurs estiment que ce nombre est d’environ 1 million.

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Comme on le voit, l’argumentaire des immigrationnistes est triplement mensonger :

– Loin d’avoir toujours existé, l’immigration ne date que de 150 ans. Jusqu’à ce que l’immigration ne commence, au milieu du dix-neuvième siècle, la composition de la population était restée la même pendant 1000 ans.

– La population « de souche » existe bel et bien. Selon un démographe de l’INED, une personne sur 4 résidant en France en 1995 était immigrée ou descendante d’immigré, soit, à l’époque, 14 millions de personnes (9). Ce chiffre est certes élevé mais il n’en signifie par moins que les trois-quarts des Français en 1995 étaient bel et bien… des Français de souche.

– Le dernier point est déterminant : cette immigration n’est devenue non européenne que depuis 50 ans. Il s’agit donc là, à l’échelle historique, d’un phénomène extrêmement récent.

Relevons au passage que tous les gouvernements de la 5e république ont pris une part active à la mise en œuvre de cette immigration non européenne, du général De Gaulle, qui l’a initiée, à M Sarkozy qui l’accentue, en passant par MM. Pompidou, Giscard, Chirac et Mitterrand, qui tous l’ont justifiée, accompagnée, organisée.

L’immigration non européenne constitue à n’en pas douter un bouleversement considérable. En raison de son ampleur. En raison de sa soudaineté. En raison de ses conséquences, dont la plus nette est la suivante. L’immigration européenne se traduisait par l’assimilation des populations concernées, laquelle était réalisée dès la seconde génération. Au contraire les populations non européennes ont d’emblée rejeté l’assimilation, préférant conserver leurs traditions culturelles et religieuses et adoptant de façon croissante des comportements communautaristes et hostiles.

L’immigration désormais n’est plus indo-européenne : c’est la première fois dans l’histoire de notre pays.  Nous sommes là en présence, dès lors, d’un événement plus considérable encore – et  bien plus catastrophique – que ce que les Grandes Invasions ont pu être en leur temps.

 

Sources : 1) INED, Population et sociétés n°137, 1980 ; 2) Gérard Noiriel, histoire de l’immigration, Seuil, 1988, p. 532 ; 3) INED, Population et société n°7, 1968 ; 4) INSEE, Tableaux de l’économie française 2010, p.  41 ; 5) INED, Population n°64, 2009, p. 475 ; 6) Charles-Robert Ageron, La politique musulmane de la France au XXe siècle : de l’hexagone aux terres d’Islam,  Maisonneuve & Larose, 2003, p. 301 ;7) INSEE ; 8 ) Claude-Valentin Marie, Pouvoirs n°113, Seuil, 2005 ;9) Michèle Tribalat, Faire France, La Découverte, 1995

 

Chronique parue sur Fdesouche le 08/10/10

« Nous avons fait venir les immigrés lorsque nous en avions besoin : nous n’avons donc pas le droit de les renvoyer »

Chronique de Paysan Savoyard

(n°43- juillet 2010)

 

Selon les immigrationnistes, la France n’aurait pas le droit moral d’interrompre l’immigration, et encore moins de renvoyer des immigrés « parce que c’est nous qui les avons fait venir pour travailler dans nos usines ». Cet argument nous paraît sans valeur.

 

  • L’immigration de travail a certes été voulue et organisée par les responsables français

Il est exact que l’immigration de travail constitue avant tout une responsabilité des dirigeants français. Tout au long des années soixante, avec l’accord des pouvoirs publics, les grandes entreprises françaises ont fait venir en nombre des immigrés, généralement d’Afrique du nord, pour travailler en France, notamment sur les chaînes de construction automobile.

Durant la période de forte croissance des « trente glorieuses », les entreprises étaient en effet confrontées à une situation de pénurie de main d’œuvre. Plutôt que de réaliser des investissements techniques, dits « de productivité », permettant de réduire le nombre de postes de travail nécessaires, les entreprises ont préféré choisir la solution moins coûteuse consistant à importer de la main-d’œuvre immigrée. Ces investissements de productivité dans l’industrie ont été réalisés par la suite, au cours des années quatre-vingt, la concurrence des pays à bas salaires ayant rendu la main-d’œuvre, même immigrée, encore trop onéreuse.

Le recrutement massif d’immigrés avait pour les entreprises l’autre avantage d’exercer une pression à la baisse sur les salaires et les conditions d’emploi des travailleurs français. L’absence de chômage et la forte création d’emplois, conséquences de la croissance économique élevée, plaçaient en effet les salariés français en position de force par rapport aux employeurs pour exiger une amélioration des salaires et des conditions d’emploi. Il se trouve que les immigrés sont très généralement prêts a accepter des conditions d’emploi et de travail dégradées par rapport aux standards européens, puisqu’elles resteront toujours bien meilleures que celles qui peuvent leur être offertes dans leur pays d’origine. Dans ces conditions, l’emploi d’immigrés a permis aux employeurs d’atténuer la situation de pénurie de main d’œuvre, d’annuler par là-même la position favorable dont bénéficiaient les salariés français et de limiter les hausses de salaires. Cet effet de « dumping social importé » continue à jouer aujourd’hui, et de façon encore renforcée puisque l’immigration de travail se poursuit dans un contexte de fort chômage.

 

  • Le contrat passé avec les immigrés portait sur le travail : il ne leur donnait pas le droit de rester définitivement en France

En rappelant que l’immigration de travail des années de forte croissance a été voulue et organisée par la classe dirigeante française, les immigrationnistes cherchent à disqualifier toute politique qui viserait à interrompre l’immigration : à les entendre, une telle politique constituerait une violation de contrat et une grave faute morale. Cette façon de présenter les choses est fallacieuse :

Le fait d’y avoir travaillé pendant plusieurs années ne donne pas ipso facto aux immigrés concernés le droit de se maintenir en France lorsqu’il n’y a plus de travail ; ni le droit d’y rester à la retraite ; ni non plus le droit d’obtenir une naturalisation. Le contrat qui a été passé avec eux portait en effet sur le travail, non sur l’installation définitive. Durant les années soixante, l’immigration était au demeurant considérée comme temporaire. C’est bien comme cela que l’entendait par exemple le roi du Maroc.

De même l’invitation qui a été faite aux immigrés de venir travailler en France s’adressait aux travailleurs eux-mêmes. Les familles en revanche n’étaient pas concernées. C’est ainsi que les immigrés des années soixante sont le plus souvent venus seuls et choisissaient de résider en foyer pour limiter leurs frais et pouvoir envoyer dans leur pays une part importante de leur salaire. Dans les années soixante-dix, les responsables français, politiciens et juristes, ont institué de leur propre initiative un droit au regroupement familial, ouvrant la porte à l’immigration de peuplement. Il n’en reste pas moins que le droit de faire venir les familles ne constituait pas un élément du contrat passé initialement avec les immigrés.

Plusieurs remarques complémentaires nous paraissent utiles. Insistons tout d’abord sur le fait que les immigrés n’ont pas été contraints de venir. La venue en France pour travailler leur a été proposée. La perspective de recevoir un salaire en Francs était perçue comme attractive et elle a séduit beaucoup d’Africains. Mais personne ne les a obligés.

Seconde observation. Il nous semble que ces immigrés n’ont pas de récrimination légitime à faire valoir : le salaire qui leur avait été promis leur a été versé ; et ils ont bénéficié du même traitement (salaire, sécurité sociale…) que les ouvriers français faisant le même travail qu’eux, traitement nettement plus favorable que celui qu’ils auraient pu connaître en restant dans leur pays.

Troisième remarque. Les immigrés ont généralement choisi de transférer une partie importante de leurs salaires dans les pays d’origine, au bénéfice des familles restées sur place. Le phénomène est d’ailleurs toujours en vigueur. Ces salaires transférés n’ont donc pas alimenté l’économie française et ont réduit d’autant, pour les Français, les bénéfices tirés de l’immigration.

 

  • Le fait d’avoir organisé à un moment donné une immigration de travail ne nous interdit pas d’arrêter aujourd’hui l’immigration et de renvoyer notamment les clandestins et les délinquants

L’argumentaire des immigrationnistes est de mauvaise foi à un autre titre. En l’utilisant, pour provoquer le trouble dans l’esprit de leurs contradicteurs, les immigrationnistes introduisent délibérément une confusion. La question en effet n’est pas de savoir s’il faut reconduire chez eux les gens qui vivent depuis des décennies en France après être venus y travailler dans les années soixante. Dès lors que ces personnes, devenues Françaises ou non, souhaitent rester en France et dès lors qu’elles s’y comportent normalement, nul ne propose de les renvoyer.

Le débat concernant l’immigration, tel du moins qu’il est posé par le Front national, porte sur trois points : l’arrêt de l’immigration légale et clandestine ; le renvoi des clandestins ; et le renvoi des délinquants, étrangers et naturalisés. Si elles étaient rapidement appliquées, ces trois mesures seraient sans-doute suffisantes pour nous permettre de rester durablement majoritaires et maîtres dans notre pays.

Il s’agit aujourd’hui de cela et pas d’autre chose. La thématique de l’immigration de travail des années soixante n’a donc pas à interférer dans le débat actuel sur une immigration qui présente désormais des caractéristiques bien différentes.

 

Chronique parue sur Fdesouche le 01/07/10

« La France a besoin de la diversité et s’enrichit des différences »

Chronique de Paysan Savoyard

(n°39 – mars 2010)

 

Selon les immigrationnistes, la société française a besoin de l’immigration et de l’enrichissement que celle-ci procure : si elle choisissait de se replier sur elle-même, la France ne pourrait que dépérir. D’apparence séduisante, cet argument des immigrationnistes nous paraît en réalité relever du registre des idées-toutes-faites qui ne correspondent pas à la réalité.

 

  • Notre société a certes besoin d’échanges, mais pas pour autant d’immigration

Les échanges et les contacts avec les autres cultures et les autres civilisations aident sans aucun doute une société à rester vivante et créative. De fait, le passé de la France et des autres pays européens est constitué d’interactions, aussi bien économiques que culturelles. Grâce à ces relations, les différents pays européens ont par exemple profité de la renaissance italienne au 16e siècle, du rayonnement du classicisme français au 17e, de l’influence culturelle et intellectuelle allemande au 19e. Les contacts entre artistes, intellectuels, marchands et diplomates sont donc indispensables. De même le tourisme peut être une occasion d’échanges fructueux, même s’il comporte également des aspects pervers, notamment lorsqu’il s’agit d’un tourisme de masse.

S’il doit se nourrir de contacts avec d’autres cultures pour se développer et se ressourcer, un pays comme le nôtre, solidement organisé, doté d’une culture riche et ancienne et d’une histoire foisonnante, n’a en revanche pas besoin d’une immigration massive. C’est ainsi que la France, pour nous en tenir à cet exemple, a bénéficié d’un grand rayonnement en Europe à plusieurs reprises, notamment au Moyen-âge sous le règne des grands capétiens, ou à l’époque classique sous celui de Louis XIV. De façon générale, la culture française a été, tout au long de l’histoire du pays, riche et prestigieuse dans les différents domaines de l’art et de la pensée. Or jusqu’à récemment la France n’a connu aucune immigration massive : elle n’accueille une immigration significative que depuis le milieu du 19e siècle ; en outre, jusqu’au milieu du 20e, cette immigration est restée exclusivement européenne. Ces différents constats valent pour les autres pays européens.

 

  • La société française n’est pas menacée par l’enfermement mais tout au contraire par une ouverture sans retenue, qui lui fait perdre ses racines

Le danger que nous courons n’est pas celui d’un appauvrissement qui naîtrait d’un repliement sur nous-mêmes et d’une crispation autour de nos valeurs et de nos coutumes. Le risque vital qui pèse sur nous est exactement inverse : d’un point de vue culturel et civilisationnel, la société française, comme les autres sociétés européennes, est menacée par son ouverture débridée, qui entraîne une uniformisation des coutumes, des mœurs et des pratiques culturelles et produit un nivellement et un étiolement des cultures nationales.

Les modes de vie et les pratiques culturelles inspirées par les Etats-Unis se sont, comme chacun sait, imposées à l’échelle mondiale. Dans les pays industrialisés, la société est désormais articulée, selon le standard américain, sur le modèle de la production et de la consommation de masse. Cette marchandisation de la société, qui a gagné la plupart des régions du monde, s’accompagne d’une domination croissante de pratiques relevant d’une culture mondialisée, d’inspiration là encore souvent américaine, qu’il s’agisse de la langue, de la musique populaire, des habitudes alimentaires, du cinéma ou des productions de télévision.

Cette évolution s’est opérée au détriment des cultures et des coutumes nationales, qui ont à l’évidence régressé, en France notamment. Il y a lieu d’insister sur ce constat. La société française a longtemps été caractérisée par sa diversité : diversité des langues régionales, des pratiques culturelles locales, diversité des architectures locales, diversité des paysages. Au 19e siècle les républicains se sont efforcés d’éradiquer les parlers locaux. Dans la seconde partie du 20e, le modèle de société matérialiste et productiviste a standardisé les paysages et les façons d’occuper le territoire : agriculture industrialisée ; zones commerciales ; lotissements ; infrastructures de transport…. Des éléments substantiels de l’identité française, jusque-là riche et diverse, ont ainsi disparu ou se sont affadis.

La standardisation et l’appauvrissement culturel revêtent un autre aspect : il apparaît que la culture française et européenne est ignorée et suscite l’indifférence d’un nombre croissant de Français et d’Européens. L’anglais, la langue du pays dominant, a pris une place considérable en France notamment. Les Français, spectateurs des feuilletons et des films, sont souvent plus au fait des arcanes du système judiciaire américain que du leur. De même encore, les Français, en particulier les jeunes, même lorsqu’ils sont européens de souche, connaissent généralement mieux l’islam que la religion chrétienne, pourtant religion historique de l’Europe. De sorte qu’il n’est pas excessif de dresser le constat suivant : une partie non négligeable des Français, peut-être même leur majorité, sont aujourd’hui, soit par ignorance, soit par indifférence assumée, profondément coupés de leur passé et de leurs racines civilisationnelles.

 

  • L’immigration ne peut, par nature, constituer une source d’enrichissement civilisationnel

L’immigration ne peut être un remède à ces évolutions négatives. Probablement au contraire elle aggrave le mal.

Les personnes qui émigrent, tout d’abord, sont rarement à même de faire bénéficier les sociétés d’accueil d’éléments positifs de leur culture originelle. Les immigrés sont en effet fréquemment issus, dans leur pays d’origine, de zones urbaines bidonvilles, produits de l’exode rural. En outre l’immigration en elle-même les déstabilisent et les coupent par définition de leur culture initiale. Le plus souvent les  immigrés baignent dans une sous-culture mondialisée et dénaturée, axée sur la consommation et sur l’imitation des mœurs en vigueur dans les quartiers-ghettos afro-américains.

De façon générale, on ne voit pas par quelle alchimie miraculeuse les populations immigrées déracinées et fragilisées pourraient contribuer à « enrichir » un pays développé et de vieille culture comme le nôtre. Si d’ailleurs ces populations étaient aptes, ainsi que l’affirment les immigrationnistes, à procurer à la société française un enrichissement non seulement économique mais également culturel et civilisationnel, on se demande pourquoi elles ne se sont pas montrées capables de développer leur propre pays, qu’elles ont préféré fuir.

L’immigration, enfin, contribue par nature à couper la société française de ses racines puisqu’elle augmente la proportion de la population résidant en France dont les liens avec la culture française sont distendus ou absents. Les faits d’actualité démontrent quotidiennement que, sauf exception, les immigrés ne cherchent pas à s’approprier la culture locale mais tendent le plus souvent, au contraire, à refuser toute assimilation, tout en restant confinés dans le registre de la plainte et de la récrimination.

Tout montre qu’au lieu de constituer un facteur d’enrichissement, les populations immigrées représentent au contraire une source de difficultés majeures pour nos sociétés européennes : fragilisation des services publics et des systèmes sociaux, dégradation des conditions d’emploi et de travail, insécurité, tensions communautaires….

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Loin d’être guettées par un enfermement qui les appauvrirait et les assécherait, la société française et la civilisation européenne sont au contraire menacées par leur trop grande perméabilité à la mondialisation et à l’immigration.

Si elles veulent vivre, croître de nouveau et, le cas échéant, rayonner, les sociétés européennes doivent aujourd’hui retrouver leurs racines et leur identité, se les réapproprier, les admirer et les aimer. Faute de quoi elles disparaîtront, dans le maelström mondialisé, abâtardi, anarchique, anomique, haineux et violent qui, chaque jour un peu plus, menace de tout emporter.

 

Chronique parue sur Fdesouche le 11/03/10

 

« La France est un pays riche : elle a donc le devoir d’être ouverte à l’immigration »

Chronique de Paysan Savoyard

(n°38- février 2010)

 

Selon les immigrationnistes, la France étant un pays riche, elle aurait le devoir moral de partager cette richesse et d’accueillir au moins une partie de ces immigrés qui fuient la misère. Cette argumentation « humaniste » part sans doute d’un bon sentiment : elle n’en est pas moins fallacieuse. Nous voulons ici montrer qu’au contraire la France n’a pas les moyens de supporter la charge de l’immigration massive.

 

  • La France est désormais l’un des « pays riches » les moins riches

Depuis plus de vingt ans en effet, la richesse du pays n’augmente plus que faiblement. Le revenu annuel (ou PIB) par habitant, qui est actuellement de 29 000 euros environ, n’enregistre en effet qu’un taux de croissance faible. De 2000 à 2008, le PIB national en volume a augmenté en moyenne de 1,9 % par an. Or la population augmente, elle, de 0,6 % par an. Le taux de croissance du PIB par habitant n’a donc été sur la période que d’un peu plus de 1% par an. C’est là le premier constat d’importance : la croissance de la richesse nationale est faible et elle est en partie annulée par la forte augmentation de la population, laquelle d’ailleurs est due précisément à l’immigration.

De ce fait, dans le classement des pays riches, la place de la France ne cesse de régresser, par rapport notamment à la plupart de ses partenaires européens. C’est ainsi qu’en 1997, pour un PIB par habitant moyen en Europe de 100 (exprimé en « standard de pouvoir d’achat » c’est-à-dire en éliminant l’effet des différences de niveaux de prix entre pays afin de permettre une comparaison pertinente), le PIB français était de 114 c’est-à-dire qu’il était supérieur de 14 % à la moyenne européenne. En 2008, il n’est plus que de 107, supérieur de 7 % seulement à la moyenne européenne.

Le PIB par habitant français (107, donc, en 2008) est nettement moindre que celui des Pays-Bas (134), du Royaume-Uni (117), de l’Allemagne (116), de la Belgique (114) et des différents pays d’Europe du Nord. Parmi les pays européens « riches », c’est-à-dire les pays fondateurs de l’UE, le Royaume-Uni et les pays scandinaves, la France, en termes de PIB par habitant, est avant-dernière : seule l’Italie fait encore moins bien.

 

  • Les importants déséquilibres que présente l’économie française font courir à moyen terme le risque d’une chute brutale du niveau de vie

La situation économique de la France enregistre en effet trois déséquilibres importants et dangereux. Le chômage, premièrement, se situe à un niveau élevé depuis maintenant 35 années consécutives : il représente selon les moments, en fonction des fluctuations de la croissance du PIB, entre 7,5 et 11 % de la population active. En 2009 le nombre officiel des chômeurs est remonté à 2,5 millions soit 9 %  de la population active.

Encore faut-il préciser qu’il ne s’agit là que des chômeurs au sens strict. Le nombre des personnes qui n’occupent pas de véritables emplois est en réalité beaucoup plus élevé. En effet un grand nombre de personnes n’occupant pas d’emploi ne sont pas comptabilisées comme chômeurs parce qu’elles bénéficient des mécanismes de « traitement social » du chômage : préretraités ; dispensés de recherche d’emploi en raison de leur âge ; stagiaires en reconversion ; bénéficiaires du RMI non inscrits au pôle-emploi… D’autres personnes n’occupent pas de véritables emplois mais des « emplois-aidés » financés par les budgets publics, comme les emplois-jeunes. D’autres encore ne parviennent à travailler qu’à temps partiel alors qu’elles souhaiteraient travailler à temps plein. Ces personnes sans emploi véritable mais non comptabilisées comme chômeurs constituent ce que l’on appelle « le halo du chômage ». Au total, en additionnant le chômage officiel et les différents cercles du halo du chômage, ce sont environ 5 millions de personnes qui sont en marge ou en dehors de l’emploi, soit 18 % de la population active.

Outre son effet désastreux sur le moral collectif et la solidité du tissu social, la situation permanente de chômage massif contribue au second déséquilibre français, celui des finances publiques. Les finances publiques sont en mauvais état, elles aussi, depuis plus de trois décennies. Le chômage, donc, constitue l’un des principaux facteurs de la dégradation : en raison du poids du financement du traitement social du chômage ; mais également parce que les pouvoirs publics ont choisi ces dernières décennies de créer de nombreux emplois de fonctionnaires afin de limiter l’ampleur du chômage. Mentionnons les deux autres causes importantes de la dégradation des comptes publics : les coûts considérables engendrés par l’immigration ; et la baisse de la fiscalité sur les hauts revenus et les patrimoines élevés, conformément à la logique libérale mise en œuvre en France et dans l’ensemble des pays occidentaux depuis une trentaine d’années.

La situation est la suivante. Le budget de l’Etat ainsi que celui de la sécurité sociale sont en déficit chaque année depuis le milieu des années soixante-dix. Ces déficits ne cessent de croître. Dans ces conditions la dette publique enregistre une augmentation continue, qui s’est fortement accélérée ces dernières années : c’est ainsi qu’en seulement 8 ans la dette publique est passée de 64 % à 74 % du PIB. Cette situation peut être dangereuse à terme. Dans une situation où l’endettement ne cesse de croître, il se peut en effet que les prêteurs en viennent à douter de la capacité de l’Etat à rembourser et refusent de prêter davantage. S’il se produisait, ce cas de figure obligerait les pouvoirs publics à réduire drastiquement le niveau de vie du pays et des ménages.

La France enregistre, troisièmement, depuis plusieurs années maintenant (2005), un déficit de ses échanges extérieurs : les importations de biens et de services sont supérieures aux exportations. Cette situation résulte notamment du fait que les entreprises des pays développés sont confrontées, dans le contexte de la mondialisation, à la concurrence des pays à bas coûts et ne disposent plus d’une compétitivité suffisante. Le déficit de compétitivité les incite d’ailleurs à délocaliser, ce qui accentue le chômage.  Or une situation de déficit des échanges d’un pays n’est pas soutenable durablement : le déficit entraîne en effet un besoin d’endettement qui peut, là encore, provoquer une défiance et une défection des prêteurs. Si la chose se produisait, les pouvoirs publics seraient contraints de réduire le niveau de vie du pays afin de limiter les importations.

 

  • La classe des salariés, groupe central de la société française, voit désormais sa situation se dégrader de façon continue

Nous avons vu plus avant que le PIB par habitant augmentait peu et qu’il était plus faible que celui de la plupart des pays ouest-européens. Encore faut-il souligner que ce PIB par habitant est une moyenne, qui cache le fait que la situation des trois principales couches de la société française n’a pas du tout évolué de façon identique.

La couche « la moins favorisée » constituée en particulier des personnes d’âge actif qui, de façon durable, ne travaillent pas (chômeurs de longue durée ; personnes n’ayant jamais travaillé…) a vu, ces trente dernières années, sa situation s’améliorer de façon régulière (même si elle reste moins bonne que celle des autres groupes). De multiples allocations ont en effet été créées et n’ont cessé d’être revalorisées : RMI, RSA, ASS, allocations logement, allocations personne isolées, allocations familiales sous conditions de ressources, CMU …. Il est désormais possible de percevoir durablement un revenu sans travailler. Il convient également de signaler que certaines des personnes percevant ces revenus d’assistance les cumulent avec le travail au noir et les revenus tirés de trafics et de la délinquance.

A l’autre extrême, les membres de la couche supérieure de la société (cadres supérieurs, dirigeants des entreprises, professions libérales, détenteurs de patrimoines…) ont vu leur situation s’améliorer fortement, grâce aux mesures de baisse de la fiscalité sur les hauts revenus, les patrimoines et les bénéfices des entreprises prises ces dernières décennies : baisse du taux supérieur de l’impôt sur le revenu ; dispositifs divers permettant d’échapper au barème ; baisse du taux de l’impôt sur les bénéfices des sociétés… La dernière mesure d’allègement significatif à destination des membres de la couche supérieure a été l’introduction d’un « bouclier fiscal ».

En revanche la situation de la classe des salariés, qui constituent le groupe central, le plus nombreux, de la société française, a commencé, depuis une vingtaine d’années, à se dégrader de façon continue. Les salariés ont été touchés par les évolutions négatives suivantes :

– La vie professionnelle des salariés du secteur privé est désormais fréquemment ponctuée de périodes de chômage.

– Le poids des impôts et cotisations pèsent de façon croissante sur les salariés. En effet les membres du groupe ne travaillant pas sont souvent exonérés de la plupart des prélèvements obligatoires. C’est ainsi que la moitié des ménages ne paient pas d’impôt sur le revenu. Les membres de la couche supérieure ont bénéficié eux, comme nous venons de le dire, d’un allègement continu des prélèvements qui les concernent.

– Enfin le groupe des salariés, comme l’ensemble des actifs, a commencé à être touché par les mesures de baisse de la protection sociale introduites depuis vingt ans pour limiter les déficits : allongement de la durée de cotisation pour percevoir une retraite à taux plein dans le secteur privé ; création de franchises sur les dépenses de santé et de déremboursements divers.

Au sein du groupe central, seuls les salariés du privé sont concernés par le chômage. En revanche la concentration des prélèvements obligatoires sur les salariés ainsi que la baisse de la protection sociale qui est désormais engagée, sont des phénomènes qui concernent l’ensemble des salariés qu’ils relèvent du secteur privé ou du secteur public. Signalons que la situation, globalement meilleure, des salariés du public risque d’être remise en cause par les projets du gouvernement : diminution du nombre des fonctionnaires ; introduction de mécanismes de licenciement au sein de la fonction publique ; remise à plat du régime de retraite.

Le processus de dégradation de la situation des salariés, amorcé donc depuis environ deux décennies, est pour l’instant resté modéré. Mais nous n’en sommes qu’au début. La croissance en effet restera faible et il y a des limites, comme nous l’avons dit, à l’emprunt : l’Etat sera donc fortement tenté de réduire les dépenses de protection sociale et l’étendue des services publics. Le groupe central de la société française n’a donc pas fini de souffrir.

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La France n’est donc plus si riche, et la majorité de sa population – les salariés – assiste désormais à un processus continu de dégradation de sa situation. Dans ce contexte, la France n’a pas les moyens d’accueillir de nouveaux immigrés. Le nombre de ceux qui sont présents sur le territoire est déjà bien trop élevé. Si la France laisse ses portes ouvertes, elle met en danger les bases mêmes de son système de protection sociale et de services publics.

Signalons au surplus que de nombreux besoins collectifs sont actuellement insuffisamment couverts par les interventions publiques. Citons la situation des régions désindustrialisées ; celle des régions rurales désertifiées, qui devrait rendre nécessaire une aide fortement accrue aux paysans de l’agriculture traditionnelle et aux petits commerces ; la situation des personnes âgées, dépendantes et isolées ; la situation des régions sous dotées en équipement médical ; la situation dégradée du patrimoine architectural et paysager…. C’est à ces différents chantiers que nous devons consacrer nos ressources.

Nous n’avons pas les moyens, redisons-le, de prendre en charge les pays et les populations des continents « pauvres ». Avant de songer à faire la charité, une famille doit consacrer son énergie et ses ressources à l’éducation et l’insertion professionnelle de ses enfants : il en va de même pour les nations. Notre pays doit s’occuper en premier lieu de sa propre population.  S’il la néglige pour se consacrer au sort de personnes venues de l’étranger, un Etat bouleverse l’ordre naturel des choses et ses dirigeants se placent en situation de trahison.

Si nous continuons, nous serons ruinés et il n’y aura plus à partager que la misère et son corollaire, la violence.

 

Sources : INSEE PIB par habitant dans l’UE ; chômage; dette publique ; échanges extérieurs ; Evolution du niveau de vie (ce dernier document montre notamment que « les 10 % des personnes situées aux deux extrêmes de la distribution des niveaux de vie ont vu la part qu’ils détiennent s’accroître, alors que la part détenue par les déciles intermédiaires a diminué »).

Chronique parue sur Fdesouche le 05/02/10