La priorité : s’adresser aux électeurs qui partagent les analyses d’Eric Zemmour mais n’ont pas l’intention de voter pour lui

Chronique de Paysan Savoyard

(n° 264 – Décembre 2021)

Eric Zemmour a parfaitement réussi son entrée en campagne. Déclaration de candidature, meetings, déplacements, programme, émissions de télé globalement réussies : pendant ces quatre mois de campagne, il a occupé l’actualité et est resté au centre des débats. Il est maintenant connu de la totalité de l’électorat, même le plus éloigné de la politique. Il a obligé Le Pen et Pécresse à reprendre à leur compte les thèmes de l’insécurité, de l’immigration et de l’identité, qu’elles n’avaient certainement pas l’intention de privilégier initialement. E. Zemmour n’a jamais été guetté par l’insignifiance ou l’indifférence, qui sont pour un candidat les deux situations rédhibitoires.

En ayant attiré d’ores et déjà une partie des supporteurs de LR, ceux qui approuvent la ligne Ciotti, et une partie des sympathisants du RN, ceux qui savent que Marine Le Pen n’a aucune chance, Eric Zemmour a réussi à entrer dans le groupe des candidats qui peuvent accéder au second tour.

Macron, lui, est sûr d’être qualifié. Il a conservé son socle solide de 25 % pendant toute la durée de son mandat et ne court guère de risque de le perdre d’ici l’élection : parce que son électorat est tout à fait satisfait de son champion ; et parce la situation de crise incite une partie de l’opinion, les électeurs âgés en particulier, à serrer les rangs autour du chef. Pour se retrouver face à Macron au second tour, Eric Zemmour doit, lui, attirer un nombre plus grand d’électeurs de LR et du RN.

Pour ce qui est du RN, la chose se fera toute seule. La différence de niveau entre E. Zemmour et Marine Le Pen sautera aux yeux lors des débats officiels et suffira à E. Zemmour pour l’emporter dans les urnes sur sa concurrente. Cet argument tout simple lui procurera un net avantage : Marine Le Pen a déjà perdu deux élections, pourquoi gagnerait-elle la troisième ?

Attirer les électeurs de Pécresse représente un défi plus substantiel. Comme chacun sait, l’électorat LR est en deux parties. Les électeurs de LR qui en réalité partagent pour l’essentiel les analyses du camp macronien sont évidemment hors de portée d’E. Zemmour. La deuxième partie de l’électorat LR est constituée de ceux qui qui font le même constat qu’E. Zemmour : il y a trop d’immigrés ; on ne se sent plus chez nous ; la France est en danger de mort… Pour autant beaucoup n’envisagent pas de voter Zemmour ou restent à ce stade très réticents.

Pourquoi ? Parce que tout en partageant les analyses d’E. Zemmour, ils nourrissent à son endroit différentes objections, qui sont en fait les différentes formulations d’une seule et même préoccupation : la peur de la violence, du désordre majeur, du chaos, de la guerre. Lorsqu’on leur parle de la candidature Zemmour, ces électeurs LR répondent : « Son programme est trop extrémiste : s’il est élu et qu’il l’applique ce sera la guerre. Il vaut mieux éviter de mettre de l’huile sur le feu et miser sur le maintien d’un certain statu quo ».

De leur côté une partie des électeurs ayant à ce stade l’intention de s’abstenir émettent concernant Zemmour une opinion proche de la précédente : « De toute façon, comme tous les politiciens, il ne fera pas ce qu’il dit une fois élu. Et s’il essaye, son programme est de toute façon inapplicable ».  

Pour vaincre cette muraille de scepticisme et de crainte chez ces électeurs qui s’apprêtent à ne pas voter pour lui alors qu’ils partagent les mêmes analyses, Zemmour doit à présent prendre à-bras-le-corps ces objections et développer un argumentaire adapté. Nous avons pour notre part donné quelques pistes (voir cette chronique et celle-ci). C’est la priorité, nous semble-t-il, pour la deuxième partie de la campagne, qui démarre dans quelques jours.

Voir également ces chroniques : 

Huit profils anti-Zemmour

Les quatre conditions de la victoire de Zemmour

Eric Zemmour, une candidature jubilatoire

6 commentaires sur “La priorité : s’adresser aux électeurs qui partagent les analyses d’Eric Zemmour mais n’ont pas l’intention de voter pour lui

  1. « Son programme est trop extrémiste : s’il est élu et qu’il l’applique ce sera la guerre. » Et si on ne l’applique pas, ce sera la subalternisation des Européens.
    Le vrai problème du mouvement national est que Marine Le Pen et ses satellites (et leur islam compatible avec la République, où est la France ?) sont des “sociaux traîtres” : au pouvoir, ils n’inverseront pas la déseuropéanisation de la France, tout juste la ralentiront-ils pour la rendre moins cruelle aux autochtones.
    Toutefois, on pourrait imaginer qu’une hypothétique victoire du R.N. provoquât un soulèvement salvateur : non par suite des mesurettes et des réformettes de ce parti, lesquelles ne seront que de molles opérations de retardement, mais à cause du tire-laisse infligé à ses électeurs trompés.
    De toute façon, en conséquence de ce que dessus, pour les prochaines élections, c’est Zemmour ou rien, quelles que soient les stratégies envisageables, quelles que soient les intentions de vote montrées par les sondages.

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