Pourquoi ils nous trahissent

Chronique de Paysan Savoyard

(n° 309 – Décembre 2023)

Notre pays est envahi parce que nous sommes trahis. Depuis soixante ans maintenant, la classe dirigeante laisse s’opérer une immigration massive. Elle ne tente rien pour l’empêcher : elle l’accompagne et l’organise. Pire encore, une partie d’entre-elle la souhaite, la suscite, l’encourage. Nous parlerons ici pour l’essentiel de la France, mais le diagnostic vaut également sans doute pour la plupart des pays de l’ouest européen.

Ce phénomène sans précédent historique, qui va très probablement aboutir à la destruction de notre pays, de notre peuple et de notre civilisation, conduit nécessairement à cette question toute simple : pourquoi ? Pourquoi ce comportement incroyable de la classe dirigeante française, politiciens, hauts fonctionnaires, juges, principaux journalistes, dirigeants des grandes entreprises ? Qu’est-ce qui les fait agir de façon aussi contraire à ce que l’on attend normalement des gouvernants ? Quelles sont les motivations qui les conduisent à mener une politique de trahison aussi folle et criminelle ? Nous avions déjà approché le sujet dans une précédente chronique, mais il n’est pas inutile d’y revenir.

Ecartons d’emblée les explications trop faciles. L’incompétence ? L’inefficacité d’individus et de structures dépassés par les événements ? Leur déconnection du pays réel ? Toutes ces explications qui viennent spontanément à l’esprit ne tiennent pas. Les dirigeants en question sont intelligents et techniquement compétents. S’ils sont généralement peu cultivés, ils sont en revanche très bien informés et savent parfaitement ce qu’ils font : ils n’ignorent nullement qu’ils disposeraient de tous les moyens d’agir efficacement contre l’invasion du pays s’ils le voulaient. S’ils ne le font pas, c’est qu’ils ont choisi de ne pas le faire (voir cette chronique).

Quels sont donc les motifs qui ont conduit la classe dirigeante depuis soixante ans maintenant à conduire de façon délibérée, déterminée, parfaitement consciente, une politique d’immigration de masse qui va immanquablement aboutir à la destruction du pays ?

On laissera de côté, pour cette fois, les motivations de ceux qui, souvent binationaux, haïssent la France et l’Europe par tradition séculaire. Ils sont un petit nombre même s’ils sont influents. Nous y reviendrons plus tard. Nous nous en tiendrons dans le présent article aux dirigeants issus incontestablement de la France de souche européenne.

Les motivations immigrationnistes et sans-frontiéristes de la classe dirigeante sont de quatre ordres, liés les uns aux autres : l’adhésion à l’idéologie humaniste ; la conviction que le cadre national est dépassé ; la conviction qu’il est de toute façon trop tard pour changer de cap ; le fait enfin que ses membres sont les adeptes d’un individualisme absolu.

  • L’idéologie humaniste est le fondement des politiques sans-frontiéristes et immigrationnistes

La classe dirigeante toute entière adhère à l’idéologie de l’humanisme (ou des Lumières, ou moderne, ou républicaine, ces différents termes étant peu ou prou synonymes). Cette idéologie est devenue celle de la classe dominante avec la révolution de 1789 : la classe bourgeoise qui accède alors au sommet de la société adhère à l’idéologie des Lumières. La situation est inchangée depuis lors : la bourgeoisie et son idéologie humaniste sont toujours au pouvoir. Cette idéologie comprend différentes composantes : toutes conduisent à la politique d’ouverture des frontières menée depuis soixante ans. Il y a d’autres ordres de motivation à la politique d’immigration de masse, nous en traitons dans les paragraphes suivants : mais l’idéologie qui est celle de la classe dirigeante suffit à elle-seule à expliquer, à motiver, à justifier la politique sans frontiériste qui a été conduite.

L’élément central de cette idéologie est l’individualisme. En rupture avec les conceptions de la société traditionnelle, la société d’Ancien régime, qui était en quelque sorte « collectiviste », la modernité est individualiste : l’individu est le centre de la société. Celle-ci doit être organisée en fonction de ses droits, les droits de l’homme, devant lesquels les individus sont égaux. Cet individu est libre de toute appartenance envers de quelconques cadres collectifs, qu’il s’agisse de la religion, de la famille, de la tradition ou de la patrie. Cette façon de penser conduit nécessairement au sans-frontiérisme : l’individu n’a pas à être bridé, par l’existence de frontières, dans sa liberté d’aller et venir et de s’installer où il le souhaite.

Deuxième élément de l’idéologie humaniste, l’individu moderne est libéré de la religion traditionnelle : il est athée et matérialiste. C’est pourquoi les humanistes ne sont aucunement attachés à la religion chrétienne, ni par voie de conséquence à la civilisation dont elle était le premier pilier. C’est pourquoi également la classe dirigeante s’est montrée indifférente à l’implantation de l’islam en France et à sa progression constante. La religion échappe au système de références humanistes, fondé sur le règne exclusif de la Raison : qu’elle soit chrétienne ou musulmane, elle apparaît aux humanistes comme relevant de la superstition.

Le matérialisme des humanistes a cette autre conséquence : la sphère économique et le bien-être matériel constituent pour eux des priorités. Ils sont donc naturellement favorables à l’immigration dès lors que celle-ci permet de faire fonctionner l’économie, d’occuper des emplois et d’augmenter la richesse.

Troisième élément de leur idéologie, les humanistes sont progressistes. Non seulement ils ne sont pas attachés au passé et à la tradition, mais ils les rejettent au contraire : l’homme moderne a fait table rase des obscurantismes et a accédé aux Lumières. Les humanistes veulent ainsi progresser vers un monde nouveau et meilleur, gouverné par la Raison (Hegel), débarrassé des guerres et du racisme. Indifférents à toute tradition, les humanistes ne sont nullement rebutés par les bouleversements et mutations qui peuvent se produire, qu’il s’agisse des mouvements de populations, des bouleversements des mœurs ou des révolutions scientifiques et transhumanistes. Même lorsque ces bouleversements sont douloureux et conflictuels, les humanistes les perçoivent comme des soubresauts inévitables, dont accouchera le monde nouveau. 

Les humanistes, enfin, sont universalistes. Ce dernier élément découle nécessairement des précédents et notamment de l’individualisme : puisque les individus sont libres et égaux en droits, ils peuvent circuler et s’installer librement où ils le veulent. Les humanistes sont nécessairement des citoyens du monde. C’est au demeurant le sens que les progressistes donnent à la « fraternité », troisième terme de la devise républicaine.

On soulignera que cette idéologie humaniste est pleinement cohérente et rationnelle : ses différents éléments se tiennent et se supposent les uns les autres. La liberté de l’individu implique ainsi l’athéisme, le matérialisme et le progressisme. De même l’individualisme débouche nécessairement sur l’universalisme. Cohérente et simple de conception, l’idéologie humanisme, en outre, ne peut être déstabilisée par les bouleversements et les catastrophes qui peuvent se produire, puisqu’ils sont d’emblée, comme on l’a vu, intégrés au raisonnement progressiste : ils constituent les convulsions inévitables, les soubresauts nécessaires et les « ruses de l’Histoire » d’un monde en devenir et en progrès. Cohérente, simple et rationnelle, cette idéologie humaniste est par là-même puissante et séduisante : elle constitue dès lors pour ses adeptes un élément essentiel de leur identité personnelle. C’est pourquoi les humanistes ne peuvent renoncer à leur idéologie, pas plus qu’ils ne voudraient par exemple changer de race ou de sexe : l’idéologie humaniste est, pour chacun d’eux, une part déterminante de leur identité.

Il faut, pour terminer sur ce chapitre, introduire certains compléments. Le premier est que l’idéologie humaniste et individualiste a son pendant sur le plan économique. Les humanistes sont par définition des tenants des conceptions économiques libérales : l’objectif de l’économie est, pour eux, de permettre aux différents acteurs de rechercher leur intérêt et leur profit individuels, dans le cadre d’un marché, fondé sur la libre concurrence, où se confrontent offre et demande. C’est donc en toute logique que la révolution industrielle est venue rapidement compléter la révolution politique de 1789. Les deux révolutions ont été conduites par les mêmes, la classe bourgeoise, à leur profit, et sur les mêmes bases philosophiques : le primat de la liberté individuelle. Cette économie de libre concurrence doit pouvoir s’exercer sur le marché le plus large possible, libéré en particulier des frontières économiques nationales : dans ce contexte, les humanistes sont favorables à la libre circulation des marchandises, des services, des capitaux et de la main-d’œuvre. Comme on le voit, l’adhésion à la conception économique libérale est pour les humanistes une raison supplémentaire d’être favorables à l’immigration.

Il faut ajouter cet autre point : la révolution libertaire de 1968 est venue redoubler et renforcer la révolution de 1789. Evénement humaniste et moderne par excellence, mai 68 est venu détruire les cadres sociaux qui résistaient encore puissamment aux menées progressistes, comme la famille, la religion et les mœurs traditionnelles. Mai 68 a renforcé encore l’état d’esprit individualiste et fait naître le point de vue libéral-libertaire, qui est celui de tous les actuels dirigeants (voir cette chronique).

Précisons encore que la révolution de 1789 avait également donné naissance à un autre courant de la modernité : le courant « communiste » ou « égalitariste », qui promeut, lui, l’égalité des conditions, quitte à sacrifier la liberté individuelle. Ce courant prend aujourd’hui pour l’essentiel la forme du gauchisme, et désormais de l’islamo-gauchisme. Ce courant n’a jamais depuis deux siècles détenu le pouvoir politique ni le pouvoir économique. En revanche il domine depuis longtemps de nombreux secteurs d’influence, dans la sphère culturelle, intellectuelle ou universitaire par exemple (voir cette chronique). Du point de vue qui nous occupe ici, l’invasion migratoire, ce courant égalitariste se retrouve en plein accord avec le courant individualiste pour appuyer, au nom de l’égalité, le sans frontiérisme et les politiques immigrationnistes.

Autre élément, le secteur chrétien de la société française est résiduel mais conserve une influence, y compris chez certains dirigeants. Comme les humanistes, comme les gauchistes, les chrétiens eux-aussi militent pour l’abolition des frontières et l’ouverture à l’immigration. Se fondant sur la lettre de l’Evangile (« J’étais un étranger et vous m’avez accueilli … »), ils commettent selon nous une grave erreur d’interprétation, prenant le texte de façon littérale comme s’il s’agissait d’un programme politique (voir cette chronique). Cette interprétation erronée est malheureusement majoritaire au sein de l’Eglise conciliaire. On mentionnera également le rôle des protestants, ardents défenseurs, par définition, de l’individualisme et donc du sans frontiérisme.

Ce dernier point mérite d’être signalé : il concerne la gauche socialiste, qui occupe depuis quarante ans désormais une position dominante au sein de la classe dirigeante (elle est par exemple représentée aujourd’hui par E. Macron et la majorité de son gouvernement). Il se trouve que l’adhésion de cette gauche socialiste au sans-frontiérisme et à l’immigrationnisme ne résulte pas seulement de son appartenance au camp idéologique de l’humanisme et du progressisme. La priorité donnée au sans-frontiérisme a également été pour la gauche dans les années 1980 le moyen de faire passer la spectaculaire mutation libérale qu’elle opérait dans le même temps sur le plan économique. Arrivant au pouvoir, la gauche socialiste a en effet rapidement adopté, dès 1983, les principes de l’économie libérale, se débarrassant par là-même du marxisme et de sa volonté de rompre avec le capitalisme (« en 90 jours » disait J.P. Chevènement). Libération des prix, priorité donnée à la lutte contre l’inflation, mise en concurrence des monopoles publics, participation à la politique européenne d’abaissement des barrières douanières, libération des mouvements de capitaux internationaux, abandon des dévaluations compétitives et adhésion à la monnaie unique, la conversion aux principes de l’économie libérale a été complète. Pour faire passer cette conversion spectaculaire et pouvoir conserver en dépit de ce tournant libéral leur position électorale et morale à la tête du camp du progrès, les socialistes ont alors réalisé un tour de passe-passe en tout point remarquable : ils sont parvenus en quelques années à modifier radicalement le concept même de « gauche ». Etre de gauche ne consistait plus comme auparavant à défendre la condition ouvrière et à alimenter la lutte des classes : être de gauche, c’était désormais porter toute son attention sur les plus démunis, les damnés de la terre, les pauvres d’entre les pauvres, autrement dit les immigrés. C’est ainsi au moment précis où les socialistes au pouvoir opéraient leur mutation en faveur de l’économie de marché (1983) qu’ils créaient SOS Racisme (1984). Une note fameuse du Think tank de gauche Terra Nova a depuis (2012) théorisé la chose  : la gauche avait tout intérêt à remplacer son électorat populaire traditionnel, décidément trop beauf, trop macho, trop raciste, et de toute façon passé en majorité au Front national, par un électorat nouveau composé des femmes, des jeunes et des immigrés (voir cette chronique et celle-ci). On peut dire, par amusement, que le remplacement de la notion même de gauche et de son électorat traditionnel ne pouvait que déboucher sur l’adhésion des gens de gauche à une politique de grand remplacement…

Il est temps de conclure ce premier chapitre. L’idéologie humaniste qui domine au sein de la classe dirigeante explique et motive, par ses différentes composantes, les politiques immigrationnistes et sans-frontiéristes menées depuis soixante ans. Elle est renforcée sur ce point décisif par les autres courants d’idées présents au sein de la société française et exerçant une influence importante : le communisme, le christianisme conciliaire et le protestantisme.

Terminons en soulignant que l’humanisme constitue une idéologie pure, c’est à dire qu’elle est intégralement fondée sur des idées, non sur la réalité et la vérité de la condition humaine. Le sans-frontiérisme n’est pas au demeurant le seul méfait de l’idéologie humaniste, Par exemple elle est à l’origine de l’éclatement des familles et du refus d’enfants, de l’enracinement de l’assistanat, ou encore du laxisme pénal. De façon générale, mais c’est un point que nous reprendrons une autre fois, l’idéologie humaniste, individualiste, matérialiste et progressiste, nous paraît profondément nocive et destructrice de notre civilisation européenne (voir cette chronique).

L’idéologie humanisme est donc, selon nous, un facteur d’explication majeur du parti-pris sans-frontiériste de la classe dirigeante. Mais il y a d’autres moteurs à ce comportement de trahison.

  • L’immigrationniste des dirigeants repose également sur la conviction que le cadre de la nation et de la patrie est dépassé

Les motivations immigrationnistes et sans-frontiéristes de la classe dirigeante reposent sur un autre élément : ses membres ont intériorisé l’idée que le cadre national n’est plus le cadre adapté. La France, la patrie, la nation, représentent pour eux des réalités obsolètes : pour les dirigeants français, et européens, il faut désormais passer à une autre dimension. Dès lors, si la nation et la patrie n’ont plus de raison d’être, les éléments qui les constituaient, l’existence d’un territoire, l’existence d’un Etat, mais aussi l’existence du peuple lui-même, n’ont plus de justification également : si la France n’a plus lieu d’être, il en va de même du peuple français. L’état d’esprit post national débouche donc naturellement sur l’idée que le remplacement du peuple originel par un peuple nouveau, qui résulte des mouvements migratoires et des mélanges qui en découlent, n’a rien de choquant ni d’illégitime. On peut même considérer qu’une grande partie de notre classe dirigeante est désormais rendue au-delà de l’état d’esprit post national : elle partage le plus souvent une vision de l’avenir post raciale (en France, comme en Europe et aux Etats-Unis, cette vision post raciale s’était par exemple exprimée avec enthousiasme au moment de l’élection d’Obama).

La conviction post nationale, voire post raciale, de la classe dirigeante a plusieurs sources. Elle est d’abord une résultante de l’idéologie humaniste, qui est, comme on l’a vu plus avant, universaliste. L’universalisme (ou internationalisme, ou mondialisme) est une composante de l’idéologie humaniste, un de ses éléments clé et indissociable.

La deuxième cause de l’état d’esprit post national de la classe dirigeante est sans conteste l’existence des deux guerres mondiales et des évolutions géopolitiques qui leur ont fait suite. Correspondant à une forme de suicide collectif, ces guerres ont conduit les Européens à transmettre le flambeau de la puissance aux Américains. Dans le cas de la France, le souvenir de la cuisante défaite de 1940 et de la politique de collaboration qui s’en est suivie renforcent chez les dirigeants actuels l’état d’esprit de renoncement national. La classe dirigeante française est ainsi persuadée que, dans le monde des superpuissances issu de la seconde guerre mondiale, la France ne dispose plus de la taille critique nécessaire pour pouvoir y jouer un rôle substantiel. C’est cette conviction qu’exprimait et théorisait un V. Giscard d’Estaing dans les années soixante-dix. C’est pourquoi la grande majorité de la classe dirigeante française est favorable depuis des décennies à la construction européenne.

La troisième source de l’état d’esprit post national est l’existence, dans la classe dirigeante, d’un puissant sentiment de culpabilité nationale, européenne et même finalement raciale. Une grande partie de la société française et des membres de la classe dirigeante ont intégré l’idée que le dépassement du cadre national, la disparition de la France et même le déclin voire la disparition de la civilisation européenne et des Européens eux-mêmes en tant que peuple et en tant que race, sont finalement légitimes car la France, l’Europe et plus généralement les Blancs sont coupables de trop de fautes et de crimes. La France en particulier s’est pour eux rendue coupable dans le passé des croisades, de l’esclavage, de la colonisation et pour finir de la collaboration avec le nazisme. Les mêmes considèrent fréquemment que, pour ce qui est du présent, les Français, les Européens et les Occidentaux de façon générale, sont coupables d’une attitude injuste vis-à-vis des pays du Sud, se comportant souvent de façon néo coloniale, apportant une aide insuffisante, soutenant les régimes responsables du sous-développement et des guerres… Ce sentiment de culpabilité contribue à expliquer qu’une partie de la société française et une grande partie de la classe dirigeante considèrent que la dimension nationale ne mérite plus d’être défendue et qu’il est temps de passer à autre chose. E. Macron, pour qui par exemple la France colonisatrice s’est rendue « coupable d’un crime contre l’humanité », est l’incarnation de cet état d’esprit de repentance.

Ce sentiment de culpabilité se double d’une position pacifiste, fortement présente dans une partie de la classe dirigeante et dans la société française de façon générale. Cette attitude pacifiste a sa source aussi bien dans l’universalisme humaniste que dans la lecture de l’Evangile, du moins celle des chrétiens de Vatican II. Le pacifisme conduit à cette attitude : plutôt l’installation de l’islam et des immigrés que de recourir à la guerre même si celle-ci devait n’être que défensive.

Post nationale, la classe dirigeante est par là-même favorable, on l’a dit plus avant, à la construction européenne. Encore faut-il préciser que cette Europe que souhaite la classe dirigeante française n’a pas vocation, quoiqu’elle déclare le contraire, à devenir une « Europe puissance », forte, indépendante et pérenne. Dans l’esprit de nombreux dirigeants, cette Europe est nécessairement une alliée privilégiée des Etats-Unis et en réalité une vassale au sein de l’empire américain. Pour d’autres, la « construction européenne » n’est qu’une étape dans un processus qui permet d’abord de dissoudre les nations, avant de parvenir le moment venu, dans une perspective universaliste, à édifier un gouvernement supranational et mondial.

Faut-il ajouter que les Etats-Unis, qui exercent, c’est là une litote, une influence considérable sur les dirigeants européens, les encouragent dans ces sentiments délétères. Le sentiment de culpabilité français, à cause de la collaboration ou celui de l’Allemagne à cause du nazisme, leur sont tout à fait profitables, de même que la conviction des Européens que leur propre continent est désormais voué à un rôle de second plan : les Etats-Unis ont évidemment intérêt à ce que les principaux pays européens soient trop inhibés et défaitistes pour envisager de construire une puissance concurrente. Ils disposent à cet égard, comme on le sait, de multiples moyens de pression et d’influence sur les dirigeants européens, pour les conduire par exemple à mener une politique européenne sans-frontiériste que ce soit sur le plan économique ou sur le plan migratoire. Par exemple de nombreux dirigeants français et européens ont participé tour à tour ces dernières décennies au programme Young Leaders.

L’état d’esprit post national et même post racial débouche naturellement, comme on l’a dit plus haut, sur le fait que les dirigeants ne sont nullement hostiles par principe aux bouleversements et au changement de peuple et de civilisation qui sont en cours. En outre de nombreux membres de la classe dirigeante désormais sont nés à partir des années soixante-dix : ils n’ont donc personnellement jamais connu la France autrement qu’en crise économique, en déclin moral et confrontée à l’immigration de masse. La France qui existait jusque dans les années soixante, la France paisible, la France dépourvue de doutes sur son identité, la France homogène culturellement et racialement, la France uniformément blanche, cette France n’a jamais eu pour eux de réalité concrète : ils sont à peine conscients qu’elle ait pu jamais exister.

Il va sans dire que nous dénonçons cet état d’esprit de culpabilité et de défaitisme, qui prélude à notre disparition. Nous rejetons tous les éléments de l’état d’esprit moderne de la classe dirigeante. Nous récusons d’abord sa vision post nationale. Précisons que nous ne partageons pas pour autant les analyses souverainistes. Nous pensons au contraire que notre salut passe par la construction d’une Europe-puissance décidant de mettre fin à l’invasion : pas de salut pour les Français sans le salut de tous les Européens. Nous ne sommes pas attachés, pour notre part, à l’idée que la nation et la patrie doivent absolument rester le cadre majeur de l’organisation politique et sociale. L’Europe pourrait choisir de devenir fédérale, les nations qui la composent perdant leur prééminence ; elle pourrait à l’inverse se concevoir dans un cadre confédéral, comme une Europe des nations et des patries : peu importe en réalité, nous semble-t-il. La seule chose qui compte véritablement, c’est la volonté des Européens de rompre avec les choix mortifères de l’UE et d’engager une politique d’arrêt de l’invasion, de remigration massive, de défense de notre continent et de notre civilisation. Qu’elle soit fédérale ou confédérale, l’Europe, si elle le voulait, pourrait tout à fait s’unir, accéder au rang de grande puissance indépendante, s’allier à la Russie pour atteindre une dimension supérieure et décupler ses ressources. Surtout, elle pourrait si elle le voulait arrêter l’invasion de son sol.

Nous devons également rejeter, bien entendu, le sentiment de culpabilité. Contrairement à ce que pensent la plupart des Français, victimes de la propagande du Système, ce sentiment de culpabilité est relativement récent. Il n’existait pas, du moins en France, avant les années soixante. Il nous a été inoculé : nous devons maintenant nous en débarrasser.

S’agissant enfin de la vision post raciale, nous la rejetons absolument elle-aussi, il va sans dire. Cette conception et cet état d’esprit n’existent qu’en Europe et ne sont partagés que par une partie des Européens. Aucun autre continent, ni l’Afrique, ni le monde arabo-musulman, ni bien entendu le monde asiatique, n’envisage la disparition de sa race propre et ne juge cette perspective acceptable. La vision post raciale en réalité n’est le fait que de Blancs et ne vise à la disparition ou à la dilution dans le métissage que de la seule race blanche. Terminons en affirmant que les nations, les mœurs, les cultures et les civilisations sont en réalité indissociables de la race qui les porte : ainsi, pas de peuple européen ni de civilisation européenne sans race blanche. La race est l’un des éléments majeurs de la condition humaine, peut-être même le premier.

  • La classe dirigeante considère qu’il est de toute façon trop tard pour stopper le processus d’invasion et de remplacement

C’est le troisième motif des politiques sans-frontiéristes et immigrationnistes. La plupart des dirigeants, à l’instar de nombreux Français, considèrent que, de toute façon, il est trop tard pour envisager un retour en arrière et même pour arrêter le processus d’invasion et de remplacement.

Il est pourtant probable qu’une partie d’entre eux ne sont pas enchantés de ce qui est en train de se produire et qu’ils sont même bien conscients et effrayés par les conséquences de l’immigration. Ceux-là préfèreraient sans doute de beaucoup vivre dans un pays seulement peuplé de Français de souche européenne. Mais ces mêmes dirigeants considèrent dans le même temps qu’il est impossible de tenter de résister à un phénomène aussi installé et massif. C’est pourquoi, même lorsqu’ils sont lucides sur la catastrophe en cours, ils se refusent à envisager de mener une politique qui serait destinée à interrompre ce processus, pour eux inéluctable.

Collectivement le groupe dirigeant ne peut en aucune manière envisager un retour en arrière ni même un arrêt des politiques conduites. La classe dirigeante sait que s’il elle décidait de changer radicalement d’orientation et d’utiliser les moyens de l’Etat pour s’efforcer de stopper l’immigration, une telle politique entraînerait nécessairement d’importantes tensions et ouvrirait sans doute une période d’affrontements. Aucun des dirigeants n’est psychologiquement prêt à affronter une perspective de ce type.

Surtout, s’ils décidaient de revenir sur leur politique d’immigration massive, ils reconnaîtraient par là-même que la voie qu’ils suivent depuis des décennies ainsi que les multiples déclarations optimistes et volontaristes auxquelles ils se sont livrés étaient erronés. Un tel aveu d’échec les discréditerait et entraînerait leur départ probable du pouvoir et l’accession au pouvoir de l’extrême-droite. Elle pourrait également conduire l’opinion à leur demander des comptes, y compris sur le plan judiciaire : la perspective d’un procès de Nuremberg pour haute trahison se rapprocherait sans doute. Si elle veut éviter que sa position ne soit menacée, la classe dirigeante est donc conduite nolens volens à poursuivre dans la voie qu’elle a choisie depuis soixante ans.

La classe dirigeante considère dès lors que les objectifs qu’elle doit maintenant se fixer sont d’accompagner le mouvement d’immigration massive, de s’adapter aux changements et aux événements qui en découlent et de s’efforcer d’en limiter le plus possible les conséquences trop lourdement négatives.

Dans ce contexte, la classe dirigeante a deux priorités. La première est de continuer à endormir, à tromper, à intoxiquer le plus possible l’électorat, afin d’éviter toute réaction hostile de sa part, et d’abord sur le plan électoral. Pour ce faire la classe dirigeante utilise à plein les différents leviers de conditionnement de l’opinion : médias, intellectuels, cinéma, publicité, production culturelle, école. Il s’agit de faire en sorte que la majorité des Français admettent que les évolutions en cours, et d’abord la submersion migratoire, ne sont pas si graves ; que la situation pourra être maîtrisée à l’avenir en menant les politiques adaptées ; et que ces évolutions sont de toute façon inévitables. 

La seconde priorité pour la classe dirigeante est de faire taire le plus possible sa principale opposition, l’extrême droite. Là encore les différents leviers de conditionnement sont mobilisés, auxquels viennent s’ajouter les juges, qui jouent un rôle clé dans le harcèlement de l’extrême droite. Cette pression exercée sur l’extrême droite, accusée de racisme et de fascisme, a conduit son principal représentant, le RN, à affadir son discours et à adopter une stratégie de dédiabolisation : le RN est ainsi transformé en opposant officiel, préposé à la défaite au second tour et « idiot utile » d’un Système qui a tout intérêt à encourager son évolution politiquement correcte.

Indiquons, pour finir sur ce point, que les autres secteurs de l’opinion hostiles au Système ne constituent pas pour la classe dirigeante un quelconque danger, du moins à court terme. Les immigrés lui fournissent une clientèle électorale venant remplacer les électeurs de souche partis à l’extrême droite (c’est ainsi qu’en 2022 les analyses par ville et bureaux de vote montrent qu’après avoir voté J.L. Mélenchon au premier tour, les immigrés qui votent se sont reportés ensuite sur E. Macron). Le terrorisme et l’insécurité que fait régner l’immigration ne sont pas un inconvénient pour la classe dirigeante : ils lui permettent de provoquer la démoralisation de la population de souche et de garantir sa passivité craintive. Quant à l’extrême gauche, elle est également très utile : elle permet aux dirigeants du Système de paraître occuper entre les deux extrêmes une position de juste milieu (alors qu’en réalité gauchistes et centristes au pouvoir partagent les mêmes objectifs immigrationnistes). Les antifas, enfin, jouent un rôle de milice du régime, chargée notamment de harceler l’extrême droite.

Propagande incessante, dissimulation des données et des faits, mensonges grossiers, limitation croissante de la liberté d’expression, harcèlement de l’opposition anti immigration par le moyen des médias, des juges et des milices antifas : pour poursuivre sa politique et garantir la docilité de la majorité de l’opinion, le Système a mis en œuvre progressivement une politique de nature totalitaire (voir cette chronique).

Terminons ce paragraphe en indiquant que nous contestons absolument l’idée qu’il soit trop tard pour reconquérir le pays. C’est faux : les pouvoirs publics disposent encore de tous les moyens, humains, matériels, techniques et financiers, pour arrêter l’invasion et procéder à une remigration massive. Arrêt total de l’immigration légale ; arrêt de la délivrance de visas dans les pays d’émigration ; expulsion des irréguliers et des délinquants ; suppression du droit du sol ; interdiction de la double nationalité ; déchéance générale de la nationalité pour tous les résidents dont les aïeux n’étaient pas des Européens de souche, suivie le cas échéant d’une réattribution au cas par cas ; attribution des allocations et prestations aux seuls nationaux ; incitation à la remigration volontaire par l’attribution d’aides financières importantes : telles sont les principales mesures qui pourraient être prises si la volonté de mettre fin à l’invasion existait dans la classe dirigeante. Une telle politique pourrait être conduite sans affrontements incontrôlables et dans le respect des droits humains fondamentaux. Si le format actuel des forces armées et de police s’avérait insuffisant pour imposer cette politique, l’augmentation forte de leurs effectifs ne présenterait pas de difficultés : à n’en pas douter, de nombreux jeunes Français se mobiliseraient avec enthousiasme pour défendre leur pays et leur civilisation, si l’occasion leur en était donnée.

  • L’individualisme absolu des membres de la sphère dirigeante est le dernier ressort de la politique d’invasion migratoire

La poursuite de la politique sans-frontiériste découle d’un dernier facteur : le fait que les membres de la classe dirigeante sont tous ou presque des individualistes absolus, en cohérence, au demeurant, avec le système philosophique dont ils se réclament. Cet individualisme les conduit à apporter leur appui sans réserves à la politique suivie, afin de préserver leurs intérêts personnels, en dépit des inquiétudes que certains d’entre eux peuvent éprouver quant aux conséquences de l’invasion migratoire.  

Intégralement individualistes, les dirigeants sont tous adeptes d’un carriérisme strict. Aucun d’entre eux ne peut envisager de mettre en danger sa carrière politique, administrative ou à la tête d’une grande entreprise, à cause d’une prise de position non conforme sur les sujets sensibles. Chacun a bien conscience que s’il s’oppose à une disposition quelconque, même mineure, de la politique immigrationniste, il verra ipso facto s’arrêter là sa carrière politique, administrative ou de dirigeant d’un grand groupe. Il en sera de même s’il fait part de ses doutes en public et même dans les cercles privés. Mieux encore, il ne peut se permettre de rester simplement silencieux et de laisser ainsi penser que son adhésion aux orientations sans-frontiéristes de la classe dirigeante n’est pas nécessairement total. Seul un alignement complet sur les dogmes officiels peut lui permettre de poursuivre sa carrière.

Les dirigeants sont d’autant moins enclins à regimber qu’ils sont tous persuadés, comme nous le disions plus haut, qu’il est de toute façon trop tard pour revenir en arrière ou pour changer d’orientation. Pourquoi dans ces conditions risquer sa carrière alors que toute façon l’éventuelle abjuration de tel ou tel politicien, haut fonctionnaire ou patron d’un grand groupe public ne changerait strictement rien au cours des choses ? Les quelques dirigeants qui ont fait part publiquement de leurs doutes ont ainsi soigneusement attendu la fin de leur parcours, comme Gérard Collomb, pour se livrer à une confession, d’ailleurs timide et très partielle.

L’effet de groupe joue ici à plein. Une partie sans doute de la sphère dirigeante éprouve une inquiétude plus ou moins aigüe s’agissant des processus en cours, comme nous le disions plus avant, mais personne ne peut la manifester : le premier qui déclarerait que le roi est nu serait politiquement et professionnellement mort, et chacun en a pleinement conscience.

Dans ces conditions, les membres de la classe dirigeante n’ont plus qu’une chose à faire : mettre en adéquation leur vie personnelle avec leur tropisme individualiste et profiter de la vie sans retenue. Les mœurs, l’argent, les drogues : les dirigeants s’éclatent, se gavent et jouissent sans entraves, conformément à leurs conceptions humanistes et libérales-libertaires. Tout montre qu’ils ne se projettent nullement dans le futur, leur prochaine élection ou leur prochain poste constituant leur unique horizon. E. Macron, sans enfants et sans famille au sens traditionnel du terme, constitue un archétype du comportement moderne.

L’individualisme total des membres de la sphère dirigeante est ainsi doublé d’un amoralisme absolu. Tous les membres de la classe dirigeante raisonnent, en un mot, de façon limpide : après moi le déluge.

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Concluons rapidement par ces deux remarques. La classe dirigeante et l’ensemble de ses membres nous trahissent. En laissant s’opérer sans réagir l’invasion migratoire de l’Europe, ils trahissent les intérêts les plus vitaux des peuples européens et de leur civilisation. Tel n’est pourtant pas le sentiment des dirigeants en question : ils n’ont aucunement l’impression de trahir et sont même sincèrement surpris qu’on puisse porter à leur égard une telle accusation. La politique sans-frontiériste et immigrationniste qu’ils conduisent depuis six décennies constitue en effet pour eux une modalité incontestable de leur universalisme. Leur état d’esprit post national et même post racial les renforce dans la conviction que leur politique est juste ou qu’elle est en tout cas la seule possible.

Nous avons consacré la présente chronique aux motivations de la classe dirigeante et de ses membres : il faut souligner, pour finir, que la majorité des Français moyens, qui votent pour eux ou les laissent agir, partagent des analyses et des sentiments comparables. Nous y reviendrons.

Si nous voulons vivre, nous devons nous libérer. D’abord de cette classe dirigeante malsaine, toxique, mortifère, qu’il faut renvoyer par les urnes. Se libérer également de son idéologie humaniste, moderne et individualiste. Adopter de nouveau une façon plus saine, plus vraie, plus naturelle, plus authentiquement humaine, de concevoir la vie en société. Pas de salut pour nous les Français, les Européens, les Blancs, dans le cadre des conceptions humanistes et individualistes. Pas de salut dans les valeurs de la modernité, des Lumières et de la république. Pas de salut, en un mot, sans Réaction…

Voir également ces chroniques :

L’invasion de l’Europe, conséquence ultime de la modernité

Il faut maintenant répudier l’idéologie républicaine

L’invasion de l’Europe est avant tout une guerre civile

4 commentaires sur “Pourquoi ils nous trahissent

  1. Bonjour .

    Merci pour cet article qui éclaire nos questionnements sur la situation dans notre pays .Nous pensons à bp de choses , mais peu à cet humanisme , qui pour moi et ça n’engage que moi ressemble aux thèses des protestants .

    Et perso , je n’aime pas du tout les humanistes .

    Il y aurait tant à dire , mais vous avez donné la clé pour analyser les évènements , je n’ai pas les mots pour écrire comme vous , mais je partage votre analyse .Quant à l’europe fédérale c’est certainement la seule sortie de ce marasme .
    Je n’ai jamais voté pour ce gvt , le sentant dés le départ très dangereux .

    Chris .

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